

La Veuve joyeuse : La mariage de l’année
Après Hänsel et Gretel, JACQUES LEBLANC signe sa seconde mise en scène à l’Opéra de Québec. Quant à JEAN-FRANÇOIS LAPOINTE, il a déjà chanté Danilo plus d’une centaine de fois dans diverses productions. Ils nous parlent tous les deux de cette Veuve joyeuse.
Caroline Fortin
Si l’opérette est plus accessible que l’opéra, elle n’est pas pour autant un genre mineur, selon le baryton Jean-François Lapointe. Au contraire, c’est pour lui un art très complet et exigeant qui fait appel au jeu théâtral et à la danse. "La musique de Franz Lehár est absolument sublime, considère-t-il. C’est très fin comme musique, comme orchestration. La Veuve joyeuse est mon opérette préférée. L’histoire est très inattendue, très belle, pleine de rebondissements et les personnages sont très attachants. C’est universel. C’est joué partout et c’est toujours un succès."
Le chanteur, qui habite la région, n’avait pas participé à une production de l’Opéra de Québec depuis 10 ans puisque sa carrière l’amène de plus en plus à l’étranger. Son premier contact avec l’oeuvre remonte à sa tendre enfance puisque son père a lui-même tenu le rôle de Danilo. "J’entendais mon père pratiquer à la maison et je connaissais tous les airs. Je les déformais, comme les enfants font toujours."
Dans la Veuve joyeuse, il y a autant de dialogue que de chant et Jacques Leblanc a beaucoup retravaillé le texte. "Je trouvais qu’il y avait certaines références qui étaient probablement très drôles, mais qui ne sont plus intéressantes pour nous. Certaines répliques étaient très ampoulées et j’ai fait du ménage là-dedans pour que ce soit plus punché. J’ai aussi rajouté quelques gags…"
Rappelons l’argument. Pour des raisons politico-économiques, le baron Popoff, ambassadeur de Marsovie à Paris, tente de convaincre le prince Danilo d’épouser la riche veuve Missia Palmieri, sans savoir qu’ils ont été amoureux l’un de l’autre dans leur jeunesse. Missia Palmieri est incarnée par Lyne Fortin. "C’est une petite fille, en fait, décrit Lapointe. Elle s’amuse, elle va d’une réception à l’autre. Elle est belle, intelligente, riche surtout. Les hommes sont constamment en train de la courtiser."
Bien qu’il soit toujours amoureux de Missia, Danilo refuse d’épouser la riche veuve, par honneur. "Comme il l’aime, il fait en sorte que personne d’autre ne tourne autour d’elle, mais il lui manifeste une espèce d’indifférence de façade, dont le public n’est absolument pas dupe, poursuit le chanteur. Elle aussi joue un peu ce jeu-là. Missia fait le pari qu’il va finir par lui dire qu’il l’aime. Elle fait tout pour le rendre jaloux." On s’en doute bien, la vérité finira par jaillir des coeurs…
Pour mettre un peu de piquant à l’histoire, l’épouse de Popoff (Christina Tannous) se fait courtiser par Camille de Coutançon (Marc Duguay). Joué par André Montmorency, Popoff est le personnage bouffe de l’histoire. Le rôle revient d’ailleurs souvent à un comédien. "C’est une espèce de cocu magnifique qui ne se rend compte de rien et qui est très imbu de lui-même, dit Leblanc. Il donne l’impression de faire des conseils d’État alors qu’il n’a pas de pouvoir, alors c’est très drôle."
L’action se situe au début du XXe siècle à Paris à l’époque de la valse et de l’art nouveau. Jean Hazel s’en donne à coeur joie avec les décors: escaliers, immenses verrières, jardin d’eau… Le restaurant Maxim’s du troisième acte ne ressemble guère à l’original. "Ça aurait coûté trop cher de faire une réplique", rit le metteur en scène. Ces décors sur mesure sont déjà un luxe. Quant aux 150 costumes, ils sont loués à une autre production.
La Veuve joyeuse de l’Opéra de Québec fait une large place à la danse. On valse beaucoup à la réception de l’ambassadeur, puis on se retrouve en plein garden party folklorique au deuxième acte. "Harold a réinventé le folklore marsovien, dit le metteur en scène. C’est très beau ce qu’il a fait. Et au troisième acte, il y a les danseuses de french cancan. Je lui ai aussi demandé que les danseurs représentent les serveurs de chez Maxim’s pour faire un numéro très musclé, très testostérone."
L’opérette est dirigée par Bernard Labadie, qui entame sa dernière saison avec l’Opéra de Québec.
Du 19 au 22 et du 24 au 26 octobre
Au Grand Théâtre
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