

Radian : Le Rayon Vert
Le trio autrichien Radian est l’un des ensembles les plus originaux à avoir émergé de la scène techno ces dernières années. Pas parce que l’on peut accoler les étiquettes glitch, lowercase, micro-sons ou clicks & cuts à leur production musicale, mais parce que cette dernière est le fruit d’un très habile mélange d’instruments conventionnels (batterie, basse) et d’appareillages électroniques.
Réjean Beaucage
Photo : Pascal Patigant
Le trio autrichien Radian est l’un des ensembles les plus originaux à avoir émergé de la scène techno ces dernières années. Pas parce que l’on peut accoler les étiquettes glitch, lowercase, micro-sons ou clicks & cuts à leur production musicale, mais parce que cette dernière est le fruit d’un très habile mélange d’instruments conventionnels (batterie, basse) et d’appareillages électroniques. J’ai joint le plus électro des trois, Stefan Nemeth, chez lui à Vienne, trois jours avant le début d’une tournée qui les mènera à Montréal en compagnie de Pan American ce vendredi 18 octobre.
La musique de Radian combine les synthétiseurs analogues et laptops de Nemeth à la batterie et au vibraphone de Martin Brandlmayr et à la basse de John Norman, pour former un mélange s’apparentant aux fritures électriques de Pan Sonic, augmentés d’une section rythmique qui ne se contente pas de tenir le rythme, mais participe aussi à développer de riches explorations sonores. "On pourrait parler d’un concept acoustique/électronique, me dit Nemeth, mais en fait, quand nous avons commencé, en 1996, c’est finalement par nécessité que nous avons développé ce type de musique, à cause des instruments qui étaient à notre disposition, soit un synthétiseur analogue Korg, un vieil échantillonneur, une batterie et une basse. De toute façon, il était clair que nous n’avions pas l’intention d’être juste un autre computer band et qu’il faudrait créer notre propre truc. Il y a eu une longue période d’ajustement et, bien sûr, le son a évolué depuis cette époque; mais dès le début, la volonté était d’intégrer l’acoustique et l’électronique à un même niveau, sans que l’un prenne le pas sur l’autre."
Après un premier EP éponyme paru chez Rhiz en 1998 et l’album TG11 sorti chez Mego en 2000, c’est à Chicago que le trio a enregistré avec John McEntire (Tortoise) son dernier opus, Rec.Extern, pour l’étiquette américaine Thrill Jockey. Inspirée par d’arides paysages industriels, comme le montre bien la photo aérienne d’une gare de triage qui orne la pochette, la musique de Radian, entre l’ambient, le noise et l’actuelle, s’élabore sur un enchevêtrement de bruits de fond et de silences de toutes les qualités, délicatement transpercé par quelques notes de vibraphone ou occasionnellement ébranlé par une basse lourde et des roulements de caisse claire. La précision du travail de chacun exclut presque entièrement le recours à l’improvisation. Nemeth précise: "On fait une musique très construite et c’est ce que nous tentons de reproduire en concert. C’est certain qu’il y a de la place pour des moments d’improvisation, mais nous ne ressentons pas le besoin de modifier le matériel de base. Évidemment, pour rendre les textures sonores qui nous caractérisent et avoir un bon équilibre entre les sons des instruments acoustiques et l’électronique, le rôle de l’ingénieur du son qui se trouve dans la salle devient très important." On ne peut que leur souhaiter d’en avoir un bon, parce que pour l’ambiance, on peut leur faire confiance.
Le 18 octobre
À la Sala Rossa avec Signer et Pan American
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