Sasha : Fête d’affiche

Après trois semaines de rendez-vous téléphoniques reportés, dont cinq le jour même de la tombée de cet article, Sasha est finalement à l’autre bout du fil, visiblement au début d’une journée qui sera ponctuée d’entrevues téléphoniques, de transits d’aéroports, d’un spectacle tard dans la nuit et d’une autre chambre d’hôtel jusqu’au lendemain. "Nous venons de faire quatre shows en autant de soirs, je sais même plus où nous sommes… Attends, cela me revient… Je suis à Charlotte en Caroline!" s’exclame le Londonien qui trône au sommet des sondages sur Internet comme le disc-jockey le plus populaire au monde aux côtés de John Digweed, Carl Cox et Paul Van Dyk.

Comme toutes les musiques du monde, la musique de Sasha n’échappe pas aux comparaisons. Irrémédiablement trance et progressive, les délicates mélodies sur fond martelé que compose ce surdoué (qui est aussi un fêtard notoire) conviennent autant à un jeune public qu’à un auditoire plus adulte. "Adult trance? C’est la première fois qu’on me la fait… Oui, on peut dire que je fais une trance pour adultes au sens où je compose une musique qui s’écoute autrement que dans un rave ou un club, mais pour mes tournées, je spinne un son carrément conçu pour les planchers de danse." Avec Airdrawndagger, un album techno totalement instrumental paru en août dernier, Sasha s’inscrit actuellement sur les euro-palmarès aux côtés d’artistes pop comme Eminem et Coldplay.

"La sortie de Airdrawndagger représente beaucoup. J’ai résisté à la tentation de faire paraître une série de simples comme plusieurs le voulaient, et cette décision fut la bonne. Je suis doublement fier du résultat parce qu’il s’agit de la meilleure musique que j’aie jamais composée et qu’elle l’a été en partie grâce à la providence, car n’eût été de mon accident d’auto de l’an dernier qui m’a obligé à arrêter de tourner à cause d’un tympan défoncé, probablement que je n’aurais jamais trouvé le temps nécessaire pour mettre à terme une telle entreprise …" Une oreille abîmée qui aura ironiquement permis d’engendrer l’un des albums techno les plus acclamés par la critique en 2002.

Fort d’avoir composé la musique du jeu vidéo Wipeout 3 pour la console Playstation de Sony en 1999, Sasha n’hésite pas à commenter le refus des survivants du groupe rock The Doors de vendre la chanson When the Music’s Over à la compagnie Apple pour la promotion de son nouveau iPod, un baladeur MP3 qui est devenu le cauchemar des compagnies de disques en 2002: "Nous refusons plusieurs offres, mais je ne vends pas ma musique aux publicitaires pour l’instant… C’est facile de comprendre pourquoi tant d’artistes le font: avec l’arrivée des MP3, les ventes de disques ont chuté de 50 % dans certains pays et la musique électronique, de par sa nature, est plus vulnérable que toutes les autres…"

Impossible de passer sous silence la fascination qu’engendre le platiniste partout où il passe. On dit même que, un peu à l’instar du groupe culte The Grateful Dead, des milliers de gens s’informent quotidiennement des déplacements de D.J. Sasha par le biais de son site qui localise graphiquement la position exacte du platiniste sur le globe en temps réel. Sasha posséderait-il un don particulier? "Ouf! Question lourde ce matin… Je dis et répète depuis plusieurs années que je n’ai pas de message à livrer, de sermon à faire, que je ne détiens pas une vérité que les autres n’ont pas. Je suis sur terre pour faire de mon mieux dans ce que je fais de mieux. J’aime la musique et voir les gens danser lorsque je tourne les disques, c’est tout. Et pour la prestation de deux à trois heures que je ferai chez vous, attendez-vous à quelque chose de rythmé, le spectacle sera carrément orienté vers le plaisir de danser et de faire la fête…" L’exemple parfait d’une soirée qu’on regrette d’avoir manqué pour des cucuteries.

Pour la première fois à Québec, ce jeudi chez Dagobert, Sasha, Chris Fortier et le résident Marco G. Les portes ouvrent à 22h, 25 $ en pré-vente et 30 $ à la porte.

Le 17 octobre
Au Dagobert
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