

GrimSkunk : La ligne droite
Trois ans après la parution de Field Trip, GrimSkunk sonne maintenant la charge avec Seventh Wave, un album résolument rock qui évite l’éparpillement des genres qui a toujours été la marque de commerce du groupe. La maturité passe-t-elle par la clarté?
David Desjardins, Olivier Robillard Laveaux
Avec son parcours musical aussi varié que bordélique, GrimSkunk est devenu un véritable emblème de la musique indépendante québécoise. Au cours des 12 dernières années, le groupe a accouché d’albums hétéroclites fusionnant punk, rock progressif, psychédélique, métal et world beat, la seule consigne étant de ne jamais se répéter.
Avec ses guitares bien en avant et ses refrains tapageurs, le récent Seventh Wave est résolument le disque le plus rock de la formation. Même que cette direction musicale semble avoir accaparé tout le plancher, reléguant les autres influences, habituellement chères au groupe, au second plan.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les musiciens n’ont pourtant rien perdu de leur côté touche-à-tout. "On a composé environ 50 chansons pour arriver au produit final, explique Franz, guitariste et chanteur. On a choisi les meilleures et on a enlevé celles qui n’avaient pas la même énergie que les autres. On a donc éliminé beaucoup de pièces reggae, dub et ska en se disant qu’on pourrait éventuellement enregistrer un album dans l’année avec juste ces titres-là. On avait également beaucoup de chansons space, très "drogue-bizarre-pas-rapport", mais incomplètes. On veut prendre les prochains mois pour les finir et, pourquoi pas, sortir un autre album, très aérien, pour les buzzés."
Cette démarche sélective, bien qu’inhabituelle pour le groupe, a permis à GrimSkunk d’obtenir un résultat plus homogène et plus constant. "On voulait avoir une continuité, explique Franz. Sur le plan artistique, c’est très difficile de combiner des morceaux disparates sur un même disque. Si tu passes d’une chanson très reggae à une pièce plus prog ou punk, c’est presque impossible de bien faire couler le disque et de conserver une dynamique. Pour l’enregistrement de Field Trip, c’est le réalisateur qui avait choisi l’ordre des pièces, parce que nous étions complètement confus et incapables de trouver le moyen de bien les agencer."
Seventh Wave est donc caractérisé par une étonnante cohérence stylistique, mais également par une réalisation plus polie où les six-cordes saturées de distorsion prennent pour une rare fois le dessus sur tous les autres instruments, même sur l’orgue, pourtant indissociable du son GrimSkunk. Au dire de Franz, cette production plus léchée est directement attribuable à un budget d’enregistrement plus important qui a enfin permis au groupe d’atteindre un résultat à la hauteur de ses ambitions. "Souvent, le monde trouve ça cool qu’un groupe sonne lo-fi, et je n’ai rien contre cette attitude; mais je peux t’assurer que ça n’a jamais été notre but de sonner petit et poche. La seule raison pour laquelle on a sonné petit et poche dans le passé, c’est parce qu’on n’avait pas d’argent et pas la chance de travailler avec quelqu’un qui pouvait nous donner un gros son. Depuis longtemps, nous étions déçus du son de nos guitares, et pour une fois, on a l’impression qu’elles fessent dans le tas."
Une solidité qui se reflète aisément dans des titres comme Seventh Wave, Headgames ou Superheroes Never Die, qui côtoient tout de même des moments plus ska comme Machine Gun, une reprise de La Mano Negra, ou des ambiances planantes comme celles de Comatose et de l’excellente Failed Again. Cette dernière, au texte naïf et fragile, contraste avec la lucidité connue du groupe et donne légèrement dans le folk avec des couplets que même Lucinda Williams pourrait chanter. "Je voulais exprimer des émotions à l’état pur. Même si on devient mature et que l’on apprend à vivre avec des situations, nos émotions ne vieillissent jamais. Elles restent au même niveau que lorsqu’on est bébé. Que ce soit au quotidien avec ta blonde ou ton père, ou que ce soit Bush avec Arafat et Sharon, quand ils sont menés par les émotions, que l’on ait cinquante ou deux ans, les comportements humains sont toujours enfantins. J’ai voulu exprimer cette sensation très pure et innocente que l’on vit lors d’événements tristes."
La preuve qu’on ne se refait pas, c’est que GrimSkunk a quand même gardé une ouverture vers l’inconnu, notamment en invitant Vincent Letellier, l’homme électro de Freeworm, à apposer sa touche sur l’album. Une sorte de blind date artistique, selon Franz: "On ne savait vraiment pas ce que le résultat donnerait, mais c’est venu changer complètement la dynamique du son. Il a mis des ambiances hallucinantes qu’on n’avait jamais eues de notre existence. C’était un pas en avant. C’est exactement la philosophie GrimSkunk: ne pas se reposer sur ses lauriers et se défoncer pour aller plus loin et être original, même si cela veut dire faire un album plus straight. Juste parce que la dernière fois, nous étions trop éparpillés."
Le 14 novembre
Au Cégep de Limoilou
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