Yves Desrosiers : Roulette russe
Musique

Yves Desrosiers : Roulette russe

Le guitariste Yves Desrosiers a fait de son premier album en tant que soliste un hommage inspiré au poète et dissident russe Vladimir Vissotsky. Intitulé Volodia (du surnom donné à Vladimir), l’album offre un corpus de chansons sur la vie, la dérision et le mal de vivre, des thèmes récurrents chez Vissotsky, personnage marquant de l’univers littéraire russe, bien qu’on ait aussi applaudi ses talents d’acteur.

Le guitariste Yves Desrosiers a fait de son premier album en tant que soliste un hommage inspiré au poète et dissident russe Vladimir Vissotsky. Intitulé Volodia (du surnom donné à Vladimir), l’album offre un corpus de chansons sur la vie, la dérision et le mal de vivre, des thèmes récurrents chez Vissotsky, personnage marquant de l’univers littéraire russe, bien qu’on ait aussi applaudi ses talents d’acteur. Si l’individu fut controversé, surtout du point de vue du régime communiste, il s’attira tout de suite la sympathie de Desrosiers: "Je pourrais affirmer que j’ai choisi Vissotsky, mais en réalité, c’est lui qui est venu me botter le derrière parce que je me reconnais dans plusieurs de ses chansons."

Le projet est audacieux à plus d’un égard. D’abord parce que Desrosiers n’avait pas été appelé à agir en tant que leader depuis Les Quarts de rouge ou Les Blaireaux, deux groupes qui misaient sur la chanson. Depuis, son parcours fut jalonné d’expériences diverses comme guitariste, et ses récentes collaborations nous ont fait apprécier son travail de réalisation: ambiances crépusculaires sur Hungry Ghosts de Fredric Gary Comeau, complaintes et déchirements latins sur La Llorona de Lhasa, chansons festives gitanes sur Balagane de Jeszcze Raz… Desrosiers n’a pas peur de s’investir dans des projets qui baignent carrément dans les musiques du monde.

Mais traduire et adapter des chansons du russe au français n’est pas une mince affaire. Il a fallu l’aide de la chanteuse Bïa, qui a adapté des chansons qui plaisaient à l’oreille du musicien. "Sans son apport, dit-il, j’aurais tout laissé tomber. C’est vraiment elle qui m’a poussé à continuer." Et pour compléter le travail rigoureux de traduction, il fut aussi aidé par Annie-Pénélope Dussault qui, de toute évidence, manie bien la langue de Vissotsky. Une fois les textes en main, il fit appel à son bon ami, le batteur François Lalonde, pour l’assister dans la réalisation.

"Il y a du déchirement dans certaines chansons, mais Vissotsky n’a pas toujours été lourd ni enragé, raconte Desrosiers, il pouvait être tout simplement fanfaron. C’est ce que j’aime chez lui, cette dualité." Dualité qui lui sied bien: La Lettre, Chanson sur l’ami, Les Étoiles et les autres pièces sélectionnées par le guitariste-chanteur-réalisateur ont magnifiquement pris leur envol. Un hymne à la vie comme Vissotsky l’aurait aimé. "Sur Volodia, je voulais regrouper les chansons du délire un peu alcoolo, de la prédication de la mort, révéler une série de métaphores. Mais depuis sa sortie, j’en ai écouté entre 150 et 200 autres, à la recherche de plus légères et rigolotes, et j’en ai trouvé quatre ou cinq. C’est parfait comme ça, je vais les intégrer au show, question d’équilibrer les humeurs."

Volodia vivra enfin sur scène le 8 novembre, et ce, pour la toute première fois. La seule? Qui sait, mais vu la grande difficulté de réunir tous les musiciens, et vu le fait que Desrosiers chantera de bout en bout, comme un leader, chose qu’il n’a pas faite depuis des lunes, pour vous dire franchement, on a drôlement hâte.

Lors de la répétition de dimanche dernier, on a pu constater l’impressionnante complicité entre les neuf musiciens: Didier Dumoutier à l’accordéon et Francis Covan au violon (cette paire-là est toujours stupéfiante comme coloriste et catalyseur rythmique), Rick Haworth et Claude Fradette aux guitares (dont les interventions sont un régal), Jean Massicotte au piano, Erik West à la slide-bass, François Lalonde à la batterie, et pour tenir la maison, comme souvent, Mario Légaré à la contrebasse. "Quand tu montes une chanson, explique Desrosiers, au début, les musiciens ne savent pas où mettre les doigts, on se cherche un peu. C’est sûr que pour un premier spectacle, on va tous avoir un doute dans la tête. Mais avec un tel soutien, avoue-t-il tout fier, il ne me reste plus qu’à chanter pis à gratter la guitar."

Si toutefois Desrosiers était un brin trop inquiet, il n’aura qu’à se répéter la maxime préférée de Vissotsky: "On s’en sortira."

Le 8 novembre
Au Cabaret