Thievery Corporation : Planète pub
Musique

Thievery Corporation : Planète pub

Il fut un temps où le protest song avait la cote. Un temps lointain, où les plus grands artistes rageaient contre l’invasion des Américains au Viêt Nam, contre le nucléaire, contre l’autorité… Aujourd’hui? Pas mal moins fort, force est d’admettre. La rage et le pop-rock font désormais mauvais ménage. À quelques blocs de la Maison-Blanche pourtant, le militantisme se fait électro, et passe par le Thievery Corporation, un tandem qui, avec les années, prend résolument les allures d’un collectif.

Il fut un temps où le protest song avait la cote. Un temps lointain, où les plus grands artistes rageaient contre l’invasion des Américains au Viêt Nam, contre le nucléaire, contre l’autorité… Aujourd’hui? Pas mal moins fort, force est d’admettre. La rage et le pop-rock font désormais mauvais ménage. À quelques blocs de la Maison-Blanche pourtant, le militantisme se fait électro, et passe par le Thievery Corporation, un tandem qui, avec les années, prend résolument les allures d’un collectif.

Après avoir fait un carton avec The Mirror Conspiracy, leur précédente galette, la formation de Washington a récemment proposé The Richest Man in Babylon, sans aucun doute leur disque le plus organique, le plus chaleureux aussi. Au-delà de toute notion stylistique, c’est toutefois la tendance sociopolitique de l’oeuvre qui frappe, à commencer par le design de la pochette, très minimaliste et représentant une cible. À l’intérieur, l’auditeur découvre un corpus franchement éclaté où l’électronica se frotte à la soul, au reggae, au jazz, au folklore moyen-oriental et nombre d’influences encore. Une ouverture sur le monde, quoi: "C’est drôle, beaucoup de journalistes étrangers nous causent de la tendance très sociale que nous affichons avec plus de vigueur que jamais, lance Rob Garza. Mais dès que nous avons affaire à un scribe américain, ça devient un sujet tabou."

Difficile de ne pas revendiquer un net penchant pour la planète lorsque votre femme est iranienne, et que votre équipe de création compte sur un Afghan, une Islandaise, un Jamaïcain, une Franco-Perse et un Cap-Verdien: "Pour plusieurs, le 11 septembre a été un wake-up call, soutient Garza. Mais au lieu de réfléchir sur les causes de cette attaque, de se questionner sur notre attitude face au reste de la planète, nous avons joué à l’autruche, en accusant l’ennemi d’être jaloux de notre liberté… C’est un peu triste."

En tournée, Thievery Corporation épouse son penchant pour une musique plus chaleureuse en conviant deux percussionnistes, un joueur de sitar et cinq chanteurs. Et pour les curieux, oui, la chanteuse LouLou sera de la partie: "J’aime beaucoup la langue française, explique Garza, grand fan de Gainsbourg et de Francis Lai. Je la trouve romantique, bien sûr, mais également très musicale." Tiens, tiens, voilà une remarque dont certains faiseurs de chansons de chez nous prendront bonne note…

Le 15 novembre
Au Rialto
Voir calendrier Électronica