Sneaker Pimps : Audience publique
Musique

Sneaker Pimps : Audience publique

Dans la foulée des Portishead, Massive Attack et Tricky, les Anglais de Sneaker Pimps – originaires de Reading – s’étaient jetés à corps perdu dans le tsunami trip-hop, connaissant immédiatement un succès inespéré avec le simple 6 Underground, tiré de leur premier essai intitulé Becoming X.

Dans la foulée des Portishead, Massive Attack et Tricky, les Anglais de Sneaker Pimps – originaires de Reading – s’étaient jetés à corps perdu dans le tsunami trip-hop, connaissant immédiatement un succès inespéré avec le simple 6 Underground, tiré de leur premier essai intitulé Becoming X.

Une immersion instantanée dans le star-système qui ne se fera pas sans heurt: "Ça n’a vraiment pas fonctionné comme nous l’aurions souhaité, relate le compositeur et musicien Chris Corner, ce fut beaucoup trop fort, bien trop tôt, ce qui ne nous a pas très bien servis en termes de carrière à plus long terme. Notre second disque était d’ailleurs une réaction à ce phénomène duquel nous voulions nous dissocier."

Un deuxième album intitulé Splinter qui n’aura paru qu’en Europe et en Asie, ne traversant jamais de notre bord de l’Atlantique. Et pour cause: le son des Sneaker Pimps s’était radicalement transformé, laissant sur le carreau la chanteuse Kelli Dayton, la voix qui était au départ le laissez-passer du groupe vers les instables hauts plateaux de l’air du temps. Histoire d’une mise à pied: "La raison pour laquelle nous nous sommes débarrassés d’elle (sic) est que, comme pour Becoming X, Liam (Lowe) et moi-même avions enregistré les démos pour l’album suivant et nous croyions que ce nouveau matériel se prêtait mieux à une voix d’homme. Aussi, plus ou moins consciemment, nous voulions nous débarrasser de l’étiquette trip-hop qui nous collait à la peau. Je comprends que ça peut paraître une chose étrange à faire, mais ça m’a semblé tout à fait naturel à l’époque."

Il aura fallu attendre le troisième essai du groupe, Bloodsport, pour retrouver des Sneaker Pimps transfigurés. Un disque à saveur eighties où les chansons macèrent dans une noirceur envahissante, poursuivant, dans le texte, le procès intenté contre l’industrie sur Splinter. En introduction, la pièce Kiro-TV fixe cette idée, s’adressant au défunt leader de Nirvana, Kurt Cobain: "L’histoire de ce gars-là n’est qu’un exemple parmi de trop nombreux cas, explique Corner. Sa mort est devenue un élément de marketing, quelque chose de complètement tordu dans un monde qui l’est tout autant et où les créateurs qui connaissent le succès sont généralement très malheureux dans cette position."

Une façon de montrer de manière encore plus dramatique ce que les membres de Sneaker Pimps ont dû subir? "Probablement. Au moment où nous tournions beaucoup en Amérique, nous nous sentions consumés par le succès et l’industrie de la musique. Nous étions perdus, nous avions perdu notre voie. Cela a pris du temps et ça en prendra encore avant que nous retrouvions vraiment ce que nous cherchions, notre équilibre, mais nous sommes beaucoup plus heureux aujourd’hui."

Le 5 décembre
Au Cabaret
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