Les Charbonniers de l'enfer : Mineurs de mémoire
Musique

Les Charbonniers de l’enfer : Mineurs de mémoire

Mais avant même que ce moment ne vienne, Michel Bordeleau quitte La Bottine Souriante et Les Charbonniers sont maintenant prêts à passer à une nouvelle étape. À la première écoute de leur deuxième album , on peut sentir que le titre est un frein au "swignez votre compagnie" des habituels rigodons.

Mais avant même que ce moment ne vienne, Michel Bordeleau quitte La Bottine Souriante et Les Charbonniers sont maintenant prêts à passer à une nouvelle étape. À la première écoute de leur deuxième album , on peut sentir que le titre est un frein au "swignez votre compagnie" des habituels rigodons. En effet, il est assez déroutant de s’apercevoir qu’aucun instrument de musique n’est présent, que toutes les chansons sont a capella. Avec l’habitude d’entendre une musique traditionnelle réinventée aux airs de jazz, de pop ou de modernisme par des groupes tels La Bottine Souriante, Mes Aïeux ou Les Batinses, la musique des Charbonniers de l’enfer peut sembler dénudée. "Étant musicien, on dirait que c’est par les instruments qu’on essaie d’actualiser la chanson", explique Michel Bordeleau, un des cinq chanteurs du groupe. Pourtant, en réécoutant les arrangements de voix aux mélodies polyphoniques, on comprend vite l’essence même d’une musique souvent oubliée. Le fait que Les Charbonniers aient opté pour une formation uniquement vocale éclaircit les paroles et ouvre à la compréhension de nouvelles histoires. "C’est une musique très actuelle dans sa tradition et même intellectuelle. À la base, la musique traditionnelle était une forme de journalisme. Lorsqu’il se passait un événement dans un coin de pays, quelqu’un mettait ça en mots et en faisait une chanson. C’est un peu comme ça que les nouvelles se répandaient", complète le célèbre homme aux mille pieds.

Même si l’originalité des Charbonniers vient de leur prestation, elle est aussi issue du répertoire auquel les cinq membres contribuent. Pour recueillir autant de morceaux d’histoire, un travail de recherche rigoureux, loin des "Don daine la Ridaine", est nécessaire, comme le commente Bordeleau: "Nous sommes plus de la génération des chercheurs de répertoires qui se perdent que de celles des groupes de composition. Michel Faubert, par exemple, a un penchant pour l’ethnologie donc, avec les années, il a ratissé le Québec à la recherche de familles avec des répertoires de contes et de chansons en mémoire. Pour ma part, je cherche régulièrement dans les archives. Nous n’essayons pas d’aborder cette musique-là de façon institutionnelle mais c’est sûr que nous avons un certain rôle à jouer dans la conservation de ces richesses. Aujourd’hui, ce choix-là m’habite."

Même si le chant de ces bougnats du diable invite à une écoute quasi religieuse, elle n’est pas moins rythmée et s’apprête tout aussi bien aux soirées de célébration. Par contre, Michel Bordeleau souhaite préciser: "Les gens sont un peu fermés d’esprit et ont encore des préjugés face à la musique traditionnelle. Le commerce et la publicité ont beaucoup contribués à fixer des temps pour chaque chose. Puis la musique traditionnelle s’est vue entrer dans ce moule pour la période des Fêtes mais ça n’a rien à voir. Sur notre nouvel album, nous n’avons aucune chanson qui parle des Fêtes. C’est certain que le traditionnel est une musique de rassemblement et que ça s’apprête bien à cette période de l’année mais c’est une musique qui représente notre peuple et ce n’est donc pas juste pour ça. Heureusement, je pense que le phénomène de La Bottine Souriante ouvre la porte à plein d’autres groupes, à autre chose en musique traditionnelle."

Du 21 au 24 janvier
Au Cabaret
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