

Camel Clutch Ken Boothe: Mr. Rocksteady Voix d’Amérique
Nicolas Tittley, Richard Lafrance
Camel Clutch
Des Modernes Pickles à Turbine Depress, en passant par Les Biberons Bâtis, la foisonnante scène underground de Québec a vu naître son lot d’agitateurs musicaux inclassables durant les années 80. Du nombre, celui qui semblait promis au plus brillant avenir était certainement le groupe de rock garage Camel Clutch, lauréat du défunt concours Rock Envol en 1989; mais les membres du groupe avaient plus ou moins lancé l’éponge au début des années 90, alors que le chanteur Michel Shink s’était installé sur la Côte-Ouest. Plus ou moins, car les "shows-réunions" étaient pratiquement devenus une habitude annuelle. Mais cette fois-ci, c’est du sérieux, car le groupe sort enfin des boules à mythes pour nous plonger dans le concret, et tous ceux qui n’ont pas vécu "dans l’temps" l’explosive expérience Camel Clutch auront droit à un vrai disque. Un vrai-faux premier album, en fait, car ce disque éponyme recense, en 18 morceaux, l’histoire des Clutch depuis les débuts, immortalisant sur le plastique quelques titres classiques comme 400 Miles à l’heure et Fichu, accompagnés d’un texte de présentation hagiographique, comme il se doit, signé par notre collègue David Desjardins, rédacteur en chef et responsable des pages musique de Voir Québec. Le groupe sera de passage au Kola Note le 14 février pour souligner le lancement de l’album, offrant le spectacle seul pour 8 $ ou un combo spectacle-CD pour 20 $. Et dans l’esprit de la Saint-Valentin, on vous offre même un package deal pour couples à 25 $. Pensez-y: y’a rien qui dit "je t’aime" comme son propre enregistrement de Belle Amazone ou J’lé zaime toute… (sic!). (Nicolas Tittley)
Ken Boothe: Mr. Rocksteady
"Alton Ellis avait débuté avant moi, Owen Grey et Higgs & Wilson étaient déjà populaires, mais nous admirions tous Delroy Wilson; c’était notre idole", affirme humblement Ken Boothe, celui qu’on a pourtant sacré "Mr. Rocksteady", voire "le Wilson Pickett jamaïcain"; bref, l’un des géants de la génération de chanteurs issue de l’illustre écurie Studio One. Maintenant que Coxsone Dodd a rouvert son mythique studio, a-t-il l’intention d’y retravailler? "Plus jamais! rétorque-t-il sans hésiter. D’ailleurs, il y a tellement de studios en Jamaïque maintenant! Ce qui leur manque, c’est le côté marketing dont Coxsone avait le secret", dit-il. Le répertoire du suave chanteur de charme bifurqua étonnamment au début des années 70, alors qu’il enregistrait avec à peu près tous les réalisateurs reconnus de l’époque, vers des thèmes révolutionnaires embrassant la fierté noire et le rastafarisme avec les inoubliables Freedom Street, Is It Because I’m Black et Rasta Never Fail. "Je suis rasta; je me devais d’affirmer ma reconnaissance envers Jah et de dénoncer la haine et l’intolérance dans le monde avec ces protest songs; mais quand on chante l’amour, on englobe déjà tout ça." Or, il devait continuer à gagner sa vie, ce qui l’amena à passer la moitié de son temps en Angleterre pendant cette période, à endisquer des ballades reggae-pop sirupeuses telles que Crying Over You et Everything I Own de Bread, qui colla au numéro un des palmarès nationaux pendant trois semaines! Incontestablement, comme il le clamait avec tant de ferveur à son apogée au studio de Brentford Road: "Without love, you just can’t go on"… En spectacle au Tiffany’s ce samedi 15 février. (Richard Lafrance)
Voix d’Amérique
S’agit-il d’un retour en force de la beat generation? En paroles et en musique, le festival Voix d’Amérique, qui se consacre au spoken word et à la slam poetry (concepts maladroitement rendus en français par l’expression "littérature orale"), fait la lumière sur la musicalité des mots. La soirée Dérapages de langues (le 13 février, à la Sala Rossa), consacrée aux artistes francophones (Michel Faubert, Ève Cournoyer, Patrice Desbiens, etc.), pourra compter sur le talent des improvisateurs Normand Guilbeault (contrebasse), Pierre Tanguay (percussions) et Jean Derome (saxophones, appeaux, etc.). On retrouvera ces musiciens de l’actuel, rejoints par leur complice guitariste René Lussier, lors de la soirée de clôture en hommage au poète franco-ontarien Patrice Desbiens (le 17 février, toujours à la Sala Rossa). Un rendez-vous incontournable, d’autant que Richard Desjardins y fera une trop rare apparition. Info: www.fva.ca (Nicolas Tittley)