Maria Del Mar Bonet : La mer à boire
Musique

Maria Del Mar Bonet : La mer à boire

Rencontrée lundi dernier dans un hôtel chic du centre-ville, la chanteuse catalane Maria Del Mar Bonet est de retour au Québec pour y donner quelques spectacles après une absence de trois ans. Visiblement pas dans la meilleure des dispositions en cette journée glaciale, la sirène de l’île Majorque semble dépitée: "Ma voix? Vous l’entendez ma voix?" déplore-t-elle, le regard visiblement inquiet, à quelques jours de l’enregistrement de l’émission Bachibouzouk (animée par Chantal Jolis), où elle doit faire entendre sa voix magnétique et cristalline avant le concert du Centre Pierre-Péladeau.

Rencontrée lundi dernier dans un hôtel chic du centre-ville, la chanteuse catalane Maria Del Mar Bonet est de retour au Québec pour y donner quelques spectacles après une absence de trois ans. Visiblement pas dans la meilleure des dispositions en cette journée glaciale, la sirène de l’île Majorque semble dépitée: "Ma voix? Vous l’entendez ma voix?" déplore-t-elle, le regard visiblement inquiet, à quelques jours de l’enregistrement de l’émission Bachibouzouk (animée par Chantal Jolis), où elle doit faire entendre sa voix magnétique et cristalline avant le concert du Centre Pierre-Péladeau. Une mésaventure d’autant plus stressante que le récital de samedi aura lieu devant le gratin de la délégation espagnole, les adeptes nouveaux et anciens, et un nouveau public interpellé par sa présence au Festival Montréal en lumière. "Ça ne va pas du tout, tranche-t-elle, j’ai un gros rhume, je tousse… t’imagines, venir de si loin et être à ce point hors de combat?"

Outre ces considérations médicales, il sera surtout question de Raixa (prononcez "Raisha"), son plus récent disque, qui souligne l’anniversaire d’une étonnante tradition. Chaque année, et ce depuis maintenant 25 ans, la mairie de Barcelone accorde à Maria Del Mar Bonet la permission de présenter un nouveau spectacle à la Plaça del Rei, située en plein coeur du Barrio Gótico, le quartier médiéval de la ville. Sous la mythique "place des Rois" gisent les vestiges d’une ancienne cité romaine… La chanteuse traînerait-elle dans son oeuvre le poids des traditions?

"Je ne me considère pas du tout comme une femme de tradition, admet-elle. Je ne suis ambassadrice de rien. Mais dans la tradition, il y a quand même de belles racines, qu’il faut faire évoluer en y incorporant un peu de modernité. Sinon, les nouvelles générations risquent d’y prêter une oreille moins intéressée. Il est impératif de se renouveler!"

Ouverte mais loin d’être insensible à ses racines, elle multiplie les initiatives audacieuses avec des artistes issus du bassin méditerranéen, qu’ils soient turcs, italiens, grecs ou tunisiens (comme avec l’Ensemble de musique traditionnelle tunisienne, en 1985). "Ça peut sembler un peu utopique de vouloir perpétuer les musiques méditerranéennes en ces temps d’invasion culturelle du Nord. À cause de cela, les rapports entre les Méditerranéens sont presque coupés. Pourtant, à cause de toutes les frontières qu’elle baigne, c’est comme si la Méditerranée était un pays."

Fidèle à la ligne claire qui la caractérise depuis 30 ans, Bonet cisèle ses vocalises sur Raixa avec une délicatesse, une précision et un lyrisme qui font immédiatement mouche. On y trouve huit nouvelles compositions ou adaptations et une dizaine de classiques issus de son répertoire. Soutenant sa voix incandescente, se dresse l’Ars Ensemble de Joan Vallent, un combo cordes-accordéon-tambourin de 10 musiciens qui apporte un beau contrepoint de douceur, comme on pourra le constater samedi prochain. "Dans mes chansons, je parle de tout: des petites et des grandes choses de la vie, conclut Maria. Chanter demeure ma plus grande joie; c’est une grande chance…" Pour elle comme pour nous.

Le 15 février
À la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau
Voir calendrier Jazz / World