Susie Napper : Viole planée
Musique

Susie Napper : Viole planée

Instrument méconnu s’il en est, la viole de gambe prend vie dans les mains habiles de SUSIE NAPPER, une artiste de San Francisco aujourd’hui établie à Montréal. Avec sa partenaire Margaret Little, elle a fondé Les Voix humaines, qui se feront entendre cette semaine à la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours.

Jean-Jacques Rousseau écrivait dans son Traité de viole (1687) que la viole de gambe est l’instrument qui imite le mieux la voix humaine. C’est sans doute pour lui donner raison que Marin Marais composait en 1701 sa pièce Les Voix humaines, et c’est avec ces références en tête que Susie Napper et Margaret Little fondaient à Montréal, il y a une quinzaine d’années, le duo de violes de gambe que l’on connaît sous ce nom. On leur doit depuis de nombreux enregistrements, la majorité chez ATMA. J’ai discuté récemment avec celle que le Conseil québécois de la musique nommait en 2002 "Personnalité de l’année".

Susie Napper est anglaise et… violoncelliste d’origine. C’est à San Francisco, à une époque où elle interprétait surtout de la musique contemporaine, qu’elle a découvert son véritable instrument de prédilection: "J’ai hérité d’une viole de gambe, et alors que j’avais un concert à donner le soir même, j’ai décidé d’essayer l’archet de la viole sur le violoncelle: ç’a été une révélation totale. J’ai fait mon récital en soirée avec cet archet. Peu de temps après, quelqu’un a su que j’avais une viole et m’a demandé de participer à un concert de Rameau. J’ai dû travailler beaucoup et j’ai appris pas mal plus tard que ces pièces de Rameau sont parmi les plus difficiles du répertoire pour viole… J’aimerais bien écouter aujourd’hui ce que ça donnait!" Il faut savoir que, bien que la viole et le violoncelle soient des instruments qui se ressemblent beaucoup, ils sont bien différents. Le violoncelle a, comme le violon, quatre cordes, tandis que la viole, avec ses six cordes (sept pour la viole française), est plus près de la guitare, et pour cette raison l’archet ne se tient pas du tout de la même façon. Mais Susie Napper était fascinée par l’instrument et s’est à ce moment-là tournée vers le répertoire baroque: "J’étais tellement contente de jouer de "vraies" harmonies!" lance-t-elle à la blague.

Le deuxième concert de la saison des Voix humaines, tout entier dédié au Stylus Fantasticus allemand, emprunte au compositeur Johannes Schenck le titre de son recueil de pièces pour deux violes Le Nymphe di Rheno (Les Nymphes du Rhin). "Nous serons deux duos, explique la gambiste: Margaret avec sa viole française et moi avec ma viole anglaise, plus Skip Sempé et Olivier Fortin au clavecin et à l’orgue. Dans les pièces à quatre, ça donne vraiment une sonorité fantastique." On pourra entendre deux extraits du recueil de Schenck qu’elles ont enregistré pour Naxos et qui leur a valu un Diapason d’or en 2001, mais aussi des pièces d’August Kühnel, Johann Kuhnau, Dietrich Buxtehude, Johann Adam Reinken et Jean-Sébastien Bach, dont Susie Napper a arrangé pour deux violes la Chaconne en ré mineur. "Depuis que je suis toute petite, j’étais triste en pensant que je ne pourrais pas interpréter cette pièce, puisqu’elle est écrite à l’origine pour le violon. Mais maintenant, ça y est, et je suis bien contente!" À découvrir, donc, en attendant la première édition du festival Montréal baroque que Susie Napper prépare pour cet été. À suivre.

Le 13 mars
À la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours

Pentaèdre et compagnie
Les membres du quintette à vent Pentaèdre ont compris qu’on peut utiliser deux fois une recette qui marche bien! La recette, c’est celle de la collaboration avec d’autres ensembles aux affinités semblables; et la preuve qu’elle fonctionne bien, c’est le prix Opus du "concert de l’année en musique actuelle ou contemporaine" que le Conseil québécois de la musique a décerné à l’ensemble pour le concert qu’il donnait conjointement avec le quatuor Penderecki en janvier 2002. Bonne raison en effet pour réinviter le quatuor ontarien, et c’est à cette deuxième rencontre que nous pourrons assister à la Salle Redpath demain soir. Le Penderecki interprétera le Quatuor à cordes no 2, "Lettres intimes", que le compositeur tchèque Leos Janacek composa peu de temps avant son décès, en 1928. Le Pentaèdre s’augmentera d’une clarinette basse, tenue par Simon Aldrich, pour interpréter Mladi, un sextuor pour vents du même compositeur. Enfin, les deux ensembles se réuniront et accueilleront le contrebassiste Yannick Chênevert pour la Symphonie pour vents et cordes, op. 73A de Chostakovitch.

Le 14 mars
À la Salle Redpath de l’Université McGill

Musica Camerata
L’ensemble Musica Camerata de Montréal présente le lendemain, au même endroit, un programme anglais durant lequel on pourra entendre la Sonate pour violon et piano de sir William Walton (1902-1983), les Six études pour cor anglais et cordes de Ralph Vaughan Williams (1872-1958) et le Quintette pour clarinette et cordes de Gordon Jacob (1895-1984).

Le 15 mars
À la Salle Redpath de l’Université McGill

Création à l’Orchestre Métropolitain
Daniel Lipton dirigera l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal en l’absence de son chef habituel, Yannick Nézet-Séguin, invité ailleurs, pour un programme presque entièrement consacré au compositeur britannique Edward Elgar (1857-1934). On pourra entendre la Sérénade pour cordes, op. 20, les "mystérieuses" Variations "Enigma" et le Concerto pour violoncelle, op. 85, pour lequel la soliste sera la jeune Denise Djokic. Outre la musique d’Elgar, on entendra aussi avec plaisir la création d’une oeuvre d’André Ristic, qui a connu un grand succès avec sa Sonate de Carnaval, créée jeudi dernier par l’ensemble Klangforum Wien dans le cadre de Montréal/Nouvelles musiques (MNM). Les jeunes compositeurs d’ici ont si peu souvent l’occasion d’écrire pour le grand orchestre qu’il ne faut pas laisser passer cette occasion!

Le 18 mars
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

Rien pour rien!
La société de concerts acousmatiques Réseaux fait encore une fois précéder sa série de concerts Rien à voir par une série de mini-concerts gratuits intitulée Rien pour rien. Une excellente façon de s’initier aux plaisirs de la meilleure façon d’écouter la musique électroacoustique, soit dans le noir presque total et entouré d’une ribambelle de haut-parleurs de la meilleure qualité. Les invités de cette 13e édition, Alistair MacDonald du Royaume-Uni, Åke Parmerud de Suède, François Donato de France et Stéphane Roy du Québec, feront entendre 20 minutes de leur musique, tout comme Gilles Gobeil et Robert Normandeau, de Réseaux. On en parlera davantage avec ce dernier jeudi prochain.

Le 19 mars, à 18 h

Au Musée d’art contemporain de Montréal