

Melon Galia : Francs Belges
Première véritable tournée en sol américain pour le quintette belge, Melon Galia vient présenter aux Québécois son album Les Embarras du quotidien, sorti il y a déjà deux ans en Europe. Questionné sur ses ambitions américaines, le chanteur THIERRY DE BROUWER se révèle cependant d’un optimisme mitigé. Une attitude en phase avec la mélancolie de sa musique.
Marie-Christine St-Hilaire [email protected]
Légère, amusante et constellée de sonorités enfantines, la pop franco de Melon Galia ne peut toutefois pas dissimuler ses influences anglophones. À titre d’exemple, on a souvent comparé les inclinaisons musicales de la formation bruxelloise à celles des Écossais Belle & Sebastian. Une juste filiation. "Je pense qu’on a probablement les mêmes influences, avoue Thierry De Brouwer depuis sa Belgique natale. En fait, nous cultivons tous les deux l’amour de la mélodie pouvant être sifflotée en attendant le bus et nous utilisons la même parité voix masculine-féminine mais, évidemment, sans l’accent écossais en ce qui nous concerne. Eux, ils ont immédiatement débuté avec un son pop alors que nous avons des pièces beaucoup plus dramatiques et mélancoliques, même si elles sont toujours construites avec beaucoup de légèreté."
Malgré cette influence marquée des groupes anglophones, De Brouwer prêche pour sa langue, y allant d’un efficace plaidoyer concernant l’utilisation du français dans ses textes: "C’est une question d’honnêteté et, dans la mesure où j’ai l’ambition d’avoir des textes qui ont du sens, je ne me sens absolument pas capable d’exprimer des nuances ou des subtilités en langue anglaise. De plus, je pense qu’on a trop de mauvais exemples en Belgique comme en France de groupes qui singent les groupes anglophones."
Amalgame d’"événements" du quotidien, les textes de Melon Galia se veulent presque banals. "Lorsque j’écris, je n’ai pas besoin de chercher très longtemps les thèmes que je vais développer. En fait, je m’inspire de ce qui m’entoure. Je consacre donc plus de temps à travailler la matière qu’à la trouver", ricane le chanteur.
"Cet album fut particulier dans sa gestation, poursuit-il. Ajoutant au fil du temps les humeurs de l’heure, certaines chansons sont passées d’un stade léger, voire complètement anodin, à quelque chose de plus mélancolique. Personnellement, j’aime retrouver des humeurs en demi-teinte sur des chansons et, avec l’aide de nos collaborateurs, nous avons pris plaisir à le façonner sur ce disque."
Ses collaborateurs, les deux membres du groupe américain Bright Eyes, soit Connor Oberst et Mike Mogis, sont effectivement parvenus à magnifier les musiques du groupe. Ouvrant comme mixeur, Mogis serait le maître d’oeuvre de cette impressionnante orchestration. "Nous sommes très contents de l’avoir rencontré parce que, sans lui, nous sommes conscients que le résultat aurait pu être vraiment différent, avoue le chanteur. Nous désirions avoir un album dont les gens ne pourraient pas se lasser. Donc, avant le mixage, nous avons discuté avec Mike et nous lui avons expliqué notre volonté de retrouver quelque chose de nouveau à chaque écoute."
Dès le 8 avril prochain, Les Embarras du quotidien sera distribué dans toute l’Amérique. Un pari risqué? "Bien sûr, répond le musicien. Grenadine Records nous distribuera non seulement au Canada anglais mais aussi dans toute l’Amérique du Nord. Pour la partie anglaise, je ne sais pas trop quoi penser, j’ai du mal à imaginer qu’il puisse y avoir un intérêt pour ce que nous faisons, mais il y a du mystère là-dessous puisque nous avons des fans au Japon et ils ne doivent pas trop comprendre le français. Pour ce qui est de la partie francophone, nous avons le goût d’être écoutés par un maximum de personnes et nous essaierons de jouer dans un maximum de salles."
À peine parues chez nous, les chansons du disque revêtent cependant une nouvelle allure, s’en trouvant "méchamment modifiées" pour les spectacles québécois si on en croit ce qu’affirme De Brouwer. Un incitatif de plus pour un public qui aura aussi droit à de toutes nouvelles pièces du répertoire du groupe belge. "Vous serez les premiers à entendre ces chansons", conclut De Brouwer. Un privilège, certes.
Le 11 avril
Au Melting-Pot
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