Don Choa : Langue au choc
Musique

Don Choa : Langue au choc

L’année dernière, DON CHOA faisait temporairement faux bond à son clan de rappeurs marseillais de la Fonky Family pour s’en remettre à lui-même afin de produire Vapeurs toxiques, un album où la critique se révèle crue et sans concession.

C’est avec des propos contestataires baignés dans un univers musical aux influences variées que la Fonky Family a rapidement acquis ses lettres de noblesse et s’est imposée comme un groupe-phare du rap français. Avec son projet solo, Don Choa ne change pas de trajectoire. Il poursuit l’offensive et continue à dresser le portrait d’une société peu reluisante, mais il le fait peut-être de façon un tantinet moins subtile: "Je pense qu’il faut toujours exagérer un peu sur le plan des paroles et générer des images-chocs pour que les chansons soient intéressantes à écouter", affirme-t-il à propos de l’écriture à laquelle il s’adonne pour commettre ses assauts qu’il étaye souvent de références politiques, religieuses et culturelles.

Si à la sortie de l’album, certains journalistes européens ont avancé que le titre Vapeurs toxiques se rapportait à certaines substances peu recommandables consommées par l’artiste, Don Choa s’en est pour sa part bien défendu en affirmant qu’il s’agissait plutôt d’une référence à l’explosion de l’usine AZF survenue à Toulouse (sa ville natale) le 21 septembre 2001 et qui fut fatale pour plusieurs travailleurs. En réalité, il n’en est rien et toutes les hypothèses s’avèrent recevables: "Vapeurs toxiques, ça fait référence à toutes les formes de pollution et pas seulement la pollution atmosphérique, admet-il. Je parle de la propagande à la télé, des OGM, de la déformation de l’information dans les médias et de la décadence des institutions religieuses et politiques."

À l’écoute de la chanson Petit Bordel II ("On veut voir la musique de France découpée à la hache/trancher la langue de Garou/rouler en camion sur Sardou/Faire l’amour sans tabou aux chanteuses de chansons d’amour"), on peut constater que l’industrie musicale n’est pas épargnée par la verve acide de celui qui se voyait nominé dans la catégorie Album rap/hip-hop de l’année à la dernière cérémonie des Victoires. "Il y a quelques trucs ici et là dans la chanson française que j’aime beaucoup, je pense à Gainsbourg, Brassens ou Renaud. Sinon, je trouve que ce qui se fait aujourd’hui est assez vide. Des trucs avec de vraies paroles, avec du sens, il ne s’en fait plus beaucoup maintenant."

Et côté rap, la situation est-elle plus favorable? "C’est à la mode en France de dire que le rap est mort, mais ce ne sont que les gens dont les projets ne marchent pas qui le disent! Sous prétexte que leurs trucs ne vendent pas, ils affirment que le rap ne vend plus. Il y a beaucoup d’envie et de jalousie. À mon avis, le rap est définitivement là pour durer."

Le 1 juin
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