Les spectacles de l'été : L'été show
Musique

Les spectacles de l’été : L’été show

Officiellement, l’été débute le 21 juin. Pour moi, c’est quelques jours plus tard, au Festival de Jazz, que tout démarre vraiment. L’heure du jazz, c’est le baromètre, la pendule, le rituel. Le premier jour où l’on peut voir la ville exactement comme on voudrait qu’elle soit à longueur d’année.

Officiellement, l’été débute le 21 juin. Pour moi, c’est quelques jours plus tard, au Festival de Jazz, que tout démarre vraiment. L’heure du jazz, c’est le baromètre, la pendule, le rituel. Le premier jour où l’on peut voir la ville exactement comme on voudrait qu’elle soit à longueur d’année. Un village confiné au périmètre de la Place des Arts mais ouvert sur le monde, sur toutes sortes de monde. Avec du blues à l’air libre entre le world beat et les hot-dogs fumants. Bref, pour ceux qui aiment la musique et ce rendez-vous-là, je retiens trois dates, trois concerts en particulier dans cette 24e édition de mon événement préféré. Il s’agit en fait de trois double bills en salle assez copieux mais qui peuvent être indigestes pour les moins ouverts d’entre nous. À déconseiller donc au genre de personne qui pourrait demander un remboursement à la sortie, prétextant s’être trompé de colonne ou de jour dans la programmation.

Premier jour du festival, le 26 juin: une double soirée piano solo avec Martial Solal et Jean-Baptiste Trotignon. Trotignon, c’est le soi-disant petit nouveau dont tout le monde parle en trop bien. Je ne l’ai jamais encore vu live, et tant qu’à se faire une bonne idée, il n’aurait pu être mieux placé qu’avec Solal, maître et mentor des pianistes français: un monstre sacré, une bête de scène capable de ridiculiser la virtuosité même à force d’invention, de délire, de génie harmonique. Le tout avec une touche d’humour français. C’est tout simple, non?

Deuxième soirée, assez dépouillée elle aussi: le dernier show de la série Invitation de Jack DeJohnette. Où le plus musical des batteurs rencontre le plus percussionniste et le plus déluré des chanteurs: Bobby McFerrin. O.K., il manque un band sur scène mais ce n’est pas grave. À eux deux, et avec la complicité qu’ils ne manqueront pas de gagner de quelque 800 spectateurs, ça va être le genre de concert complètement inédit que vous pourrez ressortir dans n’importe quelle conversation pendant un bon bout de temps.

Troisième soirée, jour de clôture, le 5 juillet au Métropolis: Cinematic Orchestra et Gotan Project. Rien à voir avec le jazz. Et aucun des deux ne faisant la première partie de l’autre, on aura droit à deux shows. Une palette de couleurs allant du tango argentin mâtiné d’électro et de dub à une alternative anglaise pas vraiment techno ni soul mais ouverte. Pour la richesse de la palette sonore et l’évocation théâtrale et très visuelle de la musique que partagent les deux groupes.

Le 8 juillet, un scoop: je serai au Spectrum dans le cadre du Festival International Nuits d’Afrique pour assister au retour du Soul Makossa avec nul autre que son papa Manu Dibango, le sax ténor du Cameroun qu’on n’a pas vu chez nous dans un concert complet depuis des lunes. Du plaisir pur. Ça va être chaud!

Aux FrancoFolies, quelques jours plus tard, il y a aussi trois ou quatre gros morceaux. À ne pas rater, le triomphe annoncé: l’événement Jean Leloup Big Band; mais le 25, parce que le lendemain, le 26, c’est l’occasion unique de voir Arabesques: ou l’oeuvre de Gainsbourg réorchestrée par Djamil Benyelles et Fred Maggi, et délivrée par celle qui comprend le mieux le beau Serge: Jane B. On termine tout ça avec Zebda, question de voir si les lutins toulousains sont capables de refoutre le feu dans la salle qu’ils ont déjà incendiée il y a quatre ans. Le 2 août.

Dans la série À ne pas manquer, je signale aussi sur les scènes extérieures gratuites des Francos et du Jazz deux nouvelles formations montréalaises d’allégeance world: Yakengé, d’origine haïtienne, qui mélange les musiques d’essence vaudou et le soul, avec l’excellent chanteur Steve Valbrun; et Mandinga, de souche afro-péruvienne, à la fois proche du folklore et du jazz, menée par deux frères très doués: Musuk et Kullak Viger Rojas.

Plus tard dans l’été, quand on saura vraiment s’il a été pourri comme on le craint déjà, le 8 août, il y aura Björk, la Fée Clochette, au parc Jean-Drapeau. Le genre de soirée en plein air qui risque fort de tourner à la catastrophe absolue mais qui, exceptionnellement, peut dépasser ses promesses et livrer des moments magiques que vous regretterez longtemps d’avoir ratés. Ceux qui se souviennent de Radiohead sur l’île Sainte-Hélène, il y a deux ans, savent ce qui leur reste à faire…