

Lang Lang : Plaisir détendu
À 20 ans, LANG LANG vient de signer un important contrat de cinq ans avec la prestigieuse Deutsche Grammophon qui lui permet, après déjà deux disques en concert, de réaliser son premier enregistrement studio. Si le pianiste joue dans la cour des grands depuis belle lurette, cet opus, qui paraîtra en juillet, vient confirmer son statut de star.
Catherine Lefrançois [email protected]
"J’ai vraiment apprécié l’expérience: jouer des concertos de Tchaïkovsky et de Mendelssohn avec l’Orchestre symphonique de Chicago et Daniel Barenboïm, c’est vraiment une chance. Je pense que c’est très bien fait; nous avons travaillé très minutieusement, et moi et monsieur Barenboïm sommes devenus très proches. Lors de l’enregistrement, les choses se sont faites de façon très naturelle et très rapide: après deux heures, nous avions presque terminé le Tchaïkovski."
À 13 ans, Lang Lang jouait en récital les 24 études de Chopin; la même année, il remportait avec le deuxième concerto de Chopin la Tchaïkovsky International Young Musicians Competition. Un pianiste romantique? "Mais j’aime tout autant la période classique! Ce que j’apprécie, c’est la grande musique, de Bach à Bartok. C’est difficile pour moi de choisir. Et j’aime aussi la musique chinoise, traditionnelle ou contemporaine." Cette musique, il tente d’ailleurs de lui ménager une meilleure place; il créait cette année Eight Memories in Watercolor, une nouvelle oeuvre de Tan Dun, figure de proue de la "nouvelle vague" chinoise.
"La première a eu lieu à Washington il y a deux mois, et ce fut vraiment un succès. J’espère donner plus de visibilité à cette musique sur la scène mondiale." Il s’exécute aussi régulièrement avec Guo-ren Lang, son père, un joueur de erhu, instrument qui s’inscrit dans la tradition musicale chinoise depuis plus de 500 ans.
C’est un univers musical riche et bigarré que les parents de Lang Lang lui ont légué. "Mes parents ont acheté un piano alors que j’avais deux ans, et j’ai commencé très jeune à écouter de la musique: des grandes oeuvres symphoniques, des opéras magnifiques, en même temps que de la musique traditionnelle chinoise. J’adorais aussi les dessins animés: Tom and Jerry, The Monkey King (un cartoon chinois). J’étais très inspiré par cette musique, et par la musique de films en général."
Et il avoue candidement qu’il regarde encore les petits bonhommes. En fait, tout semble l’amuser comme un gamin, même sa carrière. "On pense souvent que la musique classique est uniquement sérieuse, mais c’est tout à fait faux, parce que c’est tellement beau, plein de passion et d’émotion. C’est ce qu’on doit ressentir en jouant, et ainsi construire un pont entre nous et les auditeurs." Entre les générations aussi, car il croit les plus jeunes tout à fait capables d’apprécier sa musique. "C’est une question d’approche. Je vais dans les écoles, je parle de musique avec les élèves, je joue. Il faut s’amuser!"
Lang Lang sera l’invité du Club musical de Québec: Schumann, Haydn, Schubert, Chopin sont au programme, ainsi qu’une transcription faite par Liszt du Don Giovanni de Mozart. "Je jouerai aussi l’oeuvre de Tan Dun, et je crois que ce sera une première au Canada." Il nous laisse aussi miroiter une éventuelle apparition de son père et de son erhu; une belle soirée en perspective, où la monotonie est d’emblée exclue.
Le 17 juin
Au Grand Théâtre
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