Marie-Chantal Toupin : Nationale et festive
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Marie-Chantal Toupin : Nationale et festive

Avec la sortie de son plus récent album, Maudit Bordel, MARIE-CHANTAL TOUPIN est plus déterminée que jamais à s’afficher comme l’une des figure de proue du rock québécois. D’autant plus qu’il y a lieu de se demander s’il existe encore un rock au Québec, et s’il est prêt à recevoir une grande blonde!

Rapidement cataloguée dans le rayon "pitoune" de la pop suite à son premier album Après tout (sous étiquette Tacca Musique), Marie-Chantal Toupin a dû trimer dur pour se dissocier de cette image dont elle était loin d’être fière, et qui avait pourtant était jetée, coulée dans une camisole, sur un immense panneau près du pont Jacques-Cartier à Montréal. Y est-elle arrivée? "Oui… ça a été difficile, et c’est certain que j’ai dû travailler en quadruple. Quand je faisais la tournée, il fallait dire aux gens que je n’étais pas juste une blonde avec des boules, je suis une fille qui est capable de chanter quand même… je voulais changer la perception des gens pis j’ai encore ben de l’ouvrage à faire. Mais je dois dire que les gens, quand ils m’arrêtent dans la rue, ce n’est plus la fille du panneau, c’est la chanteuse qui les intéresse. Quelque part, je me dis que c’est une petite mission accomplie… je pense que nous, les femmes. on a encore ben du chemin à faire. Par exemple, on n’a pas le droit de sacrer dans les tounes, les gars oui. Faut pas mettre trop de peau à découvert, mais eux ont le droit. François Morency torse nu sur un panneau personne ne lui a rien dit, mais moi en camisole, j’ai fait jaser le monde."

Peut-on alors la considérer aujourd’hui comme une figure du rock québécois? "Ben si le monde pense ça, tant mieux! Oui… en fait il n’y a pas personne qui fait du rock… il n’y a pas grand chose sur la scène québécoise à part Caroline Néron qui vient de sortir, mais France d’Amour n’est plus là, alors, je trouve qu’il y a de la place." Le rock en français c’est une chose, et le rock en anglais c’en est une autre. Comme pour la plupart des artistes, la chanteuse envisage les États-Unis comme une option alléchante, qu’on lui a déjà proposée, mais qu’elle a déclinée. "Je vais apprivoiser mon langage français, je vais l’élargir et commencer à ôter dans mes tounes des toés et moés, ça va déjà être bon! Après ça on verra pour l’Europe, parce que, d’après moi, je vais avoir moins de travail côté français à faire, mais, ça fait partie d’un rêve d’être aux États. Je dois prendre des cours d’anglais! Je trouve ça dommage quand je rencontre des gens anglophones que la seule phrase que je puisse dire c’est Nice to meet you… pis après je m’en vais en souriant la tête entre les deux jambes!"

Pour l’instant donc, elle se contente de chanter et aussi d’écrire en français. De trois chansons de sa composition sur son dernier album elle passe à cinq sur le plus récent: "Dans les tounes, l’important ce n’est pas de prendre des mots à 50 piastres, c’est que le message que t’as à passer, tout le monde le comprenne! Mais c’est pas évident, c’est vrai. Je donne à César ce qui est à César, les auteurs-compositeurs sont super bons, mais écrire soi-même c’est tellement pas évident que j’y vais avec ce que je vois autour de moi, ce n’est pas nécessairement ce que j’ai vécu, mais je regarde ce qui se passe, et j’essaie de dire ça…"

Chaque année, dans le cadre de la fête Nationale, les différentes régions du Québec ont la chance de recevoir les artistes de l’heure. Pour Marie-Chantal Toupin, ça constitue un moment doublement mémorable, puisqu’on réunit, en une soirée, "des gens joyeux et en congé! J’aime ça parce que quand j’arrive en région, je me sens comme Céline Dion! Parce qu’à Montréal les gens sont habitués d’en voir tous les jours. Pis la Saint-Jean, c’est un gros party! Côté politique, ça représente pas grand chose, mais je pense que c’est une fête où tout le monde se rassemble pis ce monde-là se lâche lousse!" Et c’est ce qui l’intéresse: faire tripper son public, qu’elle considère bien sûr comme un ami: "Je trouve ça important d’être à l’écoute des gens, parce que c’est ben beau être chanteuse mais avant tout je suis un être humain. La seule différence, c’est que moi, on me donne un micro pour que tout le monde m’entende. À part ça, je suis une fille humaine comme tout le monde, pis si t’as envie de parler, tu m’appelles, pis viens-t’en, on va jaser. Ça m’écoeure les gens qui s’apitoient sur leur sort, et qui me disent que je suis chanceuse d’avoir ce que j’ai. J’ai travaillé pour avoir ce que j’ai, c’est ben beau se plaindre mais en fait, au fond, on a tout, il s’agit simplement d’aller le chercher et de mettre en pratique ce qui nous a été donné."

Le 23 juin
Au Parc des Cèdres
(secteur Aylmer)
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