

Live : Retour de taille
Avec six albums et 18 ans au compteur, les membres de Live ont maintenant atteint le statut de groupe culte. Il est facile de prévoir que le passage de la formation en ville ne devrait pas passer inaperçu, surtout que les nouvelles sont bonnes depuis la sortie de Birds of Pray.
Jean-François Dupont
Live
. Voilà le genre de groupe que l’on ne présente plus, tant la bande à Ed Kowalczyk a entamé sa carrière sur les chapeaux de roue avec Throwing Copper – même si ce n’était pas son premier effort – et son impressionnante collection de hits taillés pour les stades: All Over You, Lightning Crashes, I Alone, Selling the Drama… Mais ce qu’il faudrait surtout retenir de ce groupe aujourd’hui, c’est son habileté à avoir su se maintenir à ce niveau des années durant, et ce, malgré les inévitables hauts et bas d’une telle carrière. Le groupe n’a peut-être pas eu l’audace de U2 (à qui il a souvent été comparé à ses débuts) dans ses choix artistiques, mais il aura tout de même eu le mérite d’avoir tenté le diable en modifiant son approche et le son qui le caractérisait d’un album à l’autre. En ce sens, Birds of Pray, son dernier opus en date, était un retour aux sources bienvenu de la part d’un groupe qui excellait dans le passé lorsque venait le temps de pousser un rock inspiré aux paroles empreintes d’une certaine approche spirituelle, où il a malheureusement eu tendance à parfois s’égarer lors des dernières années. Ce Birds of Pray a donc l’avantage de prendre moins de détours pour dire ce qu’il a à dire, et ce, à tous les niveaux.
Simplicité volontaire
Joint entre deux spectacles étalés sur une semaine à Las Vegas et au Rock and Roll Hall of Fame de Cleveland, le batteur de Live Chad Gracey y est allé de quelques précisions qui en disent plus qu’il ne le laisse paraître sur l’approche simplifiée qui a entouré l’enregistrement de l’album. "Ed est arrivé en studio avec des idées de chansons, dont Heaven (le premier extrait), et nous avons commencé à les jouer en nous en tenant à ce que Jim Wirt, le producteur, voulait faire, c’est-à-dire les aborder comme de simples essais, un test, en quelque sorte. Nous avons donc enregistré ces cinq premières chansons sans trop de pression jusqu’à ce que Jim nous rappelle que nous étions un rock band et qu’il fallait garder le processus le plus simple possible, sans trop de production, question de faire un bon album de chansons à guitares, car c’est sous cet angle que nous sommes à notre mieux."
Une approche salutaire mais tout de même étonnante de la part de Wirt, déjà producteur chez Incubus et Hoobastank, pas des groupes nécessairement reconnus pour faire dans la dentelle au point de vue sonore. Mais il faut avouer que Kowalczyk a eu la main heureuse en allant le chercher car, s’il se disait surpris du formidable travail de Wirt pour Hoobastank, ses chansons ont pu bénéficier elles aussi de l’apport du producteur, qui a su leur donner un aspect cru sans toutefois surproduire l’ensemble. Un résultat qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le classique Throwing Copper… "Bien sûr, explique Gracey, nous ne nous sommes jamais dit: "Ha! nous devrions faire en sorte que cet album sonne comme Throwing Copper!" Mais quand nous nous sommes rendu compte qu’il y avait certaines similitudes dans les sonorités et dans l’approche générale, nous nous sommes dit que c’était tant mieux car c’était une sorte de retour aux sources. Il faut dire que de travailler avec Jim a été une très bonne chose pour nous car ça nous a donné beaucoup d’énergie et après les cinq premières chansons, nous savions que nous devions faire le reste de l’album avec lui…"
Se battre et rester unis
Pour ce qui est des paroles des chansons de Kowalczyk, un événement majeur dans la vie du chanteur est venu mettre un peu d’ordre dans les idées qu’il a l’habitude d’aborder. On sait le leader de Live fasciné par les philosophies orientales, mais ses écrits ont parfois eu tendance à s’embrouiller dans un symbolisme inutilement nébuleux. La venue de son premier enfant l’an dernier a eu pour effet de simplifier son regard sur bien des choses, selon Chad Gracey. "Le fait d’avoir un enfant affecte profondément ta vie sur bien des points, tu sais. C’est aussi le cas d’Ed et cet événement l’a effectivement influencé en tant que parolier, c’est certain. Disons que ça place plusieurs sujets sous une autre perspective. Une chanson sur la guerre comme What Are We Fighting for?, par exemple, [où on trouve les paroles "Oil and blood on the bayonet/…/What will I tell my daughter?"], reflète bien cette attitude, je crois, même si au départ c’était une chanson qui questionnait les préoccupations de l’humanité en général et qui a pris une autre dimension avec le conflit en Irak [qui coïncidait avec la sortie de l’album]…"
Même si les quatre membres de Live sont comme les cinq doigts de la main depuis maintenant 18 ans, on ne pourra jamais critiquer leur manque de constance ou leur rigueur durant cette longue période. Pour un groupe qui s’est vraiment fait connaître au début des années 1990 au milieu des Collective Soul, Better than Ezra et autres Soul Asylum aujourd’hui oubliés ou presque, ça relève même de l’exploit! Surtout en songeant qu’un chanteur charismatique comme Ed Kowalczyk ferait sans doute fureur en solo… "Le fait que nous vivions maintenant dans différentes villes avec une vie privée en dehors du groupe nous a beaucoup aidés, avoue Gracey, ça nous a même amenés, en tant que groupe, une certaine fraîcheur. Mais ce qui nous a surtout avantagés durant toutes ces années, c’est que nous sommes de très bons amis avant tout; nous avons grandi ensemble et nous adorons toujours autant faire de la musique ensemble. Ce sont ces détails qui tiennent les liens serrés entre nous. Tu sais, quand nous avons commencé cette carrière, tout ce que nous voulions, c’était de décrocher un contrat de disque et de durer aussi longtemps que possible. Je suis fier de voir que nous avons pu passer à travers plusieurs cycles musicaux et que nous sommes toujours là après tant d’années [rires]!"
Un nom prédestiné
Durant la prochaine année (eh oui!), Live fera ce qu’il fait de mieux selon Gracey, soit donner des spectacles un peu partout dans le monde avant d’être de retour en Amérique du Nord au printemps prochain. En attendant, ce sont les fans de longue date qui seront ravis lors de son passage à Québec et à Montréal… "Nous ne jouerons que cinq ou six chansons du dernier album car nous aimons beaucoup jouer les vieux hits, un peu comme a fait U2 durant sa dernière tournée. C’est le genre de show que j’aime bien voir et j’avoue que c’est toujours gratifiant de voir les fans chanter nos chansons. C’est aussi pour ça qu’on fait ce boulot!"
Le 26 août
À l’Agora du Vieux-Port
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