Séminaire chorégraphique : Danse à rebours
Qu’est-ce que la danse contemporaine? Si vous pouvez répondre en toute certitude à cette question, vous n’avez ni besoin de lire l’article qui suit, ni besoin d’assister au Séminaire chorégraphique mis sur pied par la compagnie Flak, qui aura lieu du 25 au 29 août à l’Agora de la danse… Mais appelez-moi et l’on ira prendre une centaine de cafés, car j’ai une myriade de questions et de sous-questions à vous poser.
Sinon, ne vous sentez pas complexé par le fait de ne simplement pas savoir, car personne d’humainement raisonnable n’aurait la prétention de répondre à cette question en ce moment, étant donné la période d’hybridation, de métissage, d’éclectisme et de "multi-machins" de toutes sortes que nous traversons présentement. Une période d’incertitude sémantique où même les journalistes et critiques en perdent souvent leur latin. Car lorsqu’il est question de définir clairement l’orientation esthétique d’un chorégraphe, on est confronté à des mots dont le sens n’est dorénavant plus le même pour tout le monde: classique, jazz, moderne, post-moderne, contemporain, nouvelle danse… Le temps serait-il venu d’évacuer d’un revers de la main tous ces termes encombrants?
Le Séminaire chorégraphique, fondé et dirigé par José Navas – également directeur artistique de la compagnie Flak -, tente en quelque sorte de répondre partiellement de manière pratique et concrète à ce genre d’interrogation. Et ce, avec la participation du public. Cette deuxième édition nous offre donc la possibilité d’assister au processus de création de plusieurs oeuvres de 10 minutes qui seront toutes créées à l’intérieur d’un court laps de 24 heures. Et ce, durant cinq jours consécutifs. On pourrait dire que c’est un genre de marathon de création.
Au cours de cet événement, cinq chorégraphes seront alternativement jumelés à cinq compositeurs de musique. Une combinaison différente à chaque jour, qui sera tirée au sort la veille de chaque journée de création. Idem pour les quinze danseurs qui sauront la veille au soir si, le lendemain, ils danseront en solo, en duo, en trio, en quatuor ou en quintette. Un défi qui s’inscrit alors à tous les niveaux de la création, car plusieurs contraintes seront imposées aux participants. À celles déjà mentionnées, viendra s’ajouter l’attribution d’un thème différent à chaque jour. "Mais aussi, nous dit José Navas, les chorégraphes et compositeurs devront apprendre à faire des compromis rapides et efficaces. Chose qui n’est pas toujours facile pour l’ego lorsqu’on est habitué à avoir le dernier mot."
Pour le plaisir des spectateurs, les portes de la création leur seront ouvertes avant, pendant et après les représentations. Ceux qui le désirent pourront alors se rendre dans les locaux de Circuit Est (1881, rue Saint-André) et de l’Agora de la danse (840, rue Cherrier) afin d’être témoins du processus d’invention des oeuvres. Aussi, à la suite de chaque représentation, se tiendra une courte période de discussion où spectateurs et artistes auront l’occasion d’échanger sur ce qu’ils viennent de vivre ensemble.
Une occasion exceptionnelle tant pour le public que pour les artistes, car, comme l’affirme José Navas, "les chorégraphes ont souvent de la misère à expliquer ce qu’ils font, autant à des gens qui connaissent la danse qu’à ceux qui ne la connaissent pas. C’est donc un excellent tremplin vers une meilleure connaissance des rouages de la création chorégraphique, tant pour ceux qui pratiquent la danse que pour ceux qui ne la pratiquent pas".
Lorsqu’on demande au directeur artistique de l’événement d’où vient l’idée d’un tel projet, il répond: "Avant le premier séminaire montréalais, qui a eu lieu en 2000, j’avais pu observer ce genre de concept à Vancouver et en Europe. Et je me demandais pourquoi on ne retrouvait pas ce type d’événement à Montréal, alors qu’on sait tous que notre métropole est un lieu de bouillonnement artistique, tant en danse qu’en musique actuelle."
À l’image du fondateur de ce projet d’envergure, le Séminaire chorégraphique a une couleur internationale. Du côté des chorégraphes, nous retrouvons Tony Chong (Montréal), Estelle Clareton (Montréal), André Gingras (Pays-Bas), Allyson Green (États-Unis) et Maria Ines Villasmil (Pays-Bas); du côté des compositeurs, Yannis Kyriakides (Pays-Bas), Alex MacSween (Montréal), Silvio Palmieri (Montréal), Daniel Schorno (Pays-Bas) et Sam Shalabi (Montréal).
Quant aux interprètes, il s’agit d’une distribution intéressante et variée: Michèle Bastien, Nathalie Blanchet, Jacqueline Éthier, Sophie Janssens, Hannah Lagerway, Jane Mappin, Tracy McNeil, David Rancourt, Dave St-Pierre, George Stamos, Magali Stoll, Stephen Thompson, Véronique Trottier, James Viveiros et Jamie Wright. Pour connaître les horaires et tarifs des spectacles, appelez au (514) 525-1500.
Du 25 au 29 août
À l’Agora de la danse