

Billy Bob Thornton : Tête à clap
Plus que les critiques positives et les accolades de ses pairs,BILLY BOB THORNTON apprécie immensément l’intérêt sincère que suscite The Edge of the World, son second album qui paraîtra le 23 septembre prochain sur l’étiquette Sanctuary Records. D’ailleurs, même les journalistes (surtout américains) prennent dorénavant au sérieux son désir de faire de la musique -encore mieux, ils réalisent que Billy Bob était musicien bien avant d’être acteur. Et ils ont cessé de lui poser des questions sur son ex-épouse, l’actrice Angelina Jolie, pour l’interroger sur les vraies affaires, c’est-à-dire sa musique.
Christine Fortier
"Je suis très heureux des commentaires que je reçois à propos de l’album. L’an dernier, mon premier disque, Private Radio, a suscité de très bonnes réactions au Canada et en Europe, alors qu’aux États-Unis, il est passé presque inaperçu, faute de promotion de la part de l’étiquette Lost Highway Records. Disons simplement que je suis très heureux de maintenant faire partie de l’écurie Sanctuary Records, car ils font un travail fantastique", s’exclame Billy Bob Thornton, quelques heures avant de monter sur une scène de Buffalo, New York.
S’il admet d’emblée qu’au départ, les critiques et le public se sont montrés plutôt sceptiques face à ses ambitions musicales, le chanteur souligne que les choses ont bien changé en un an. "La plupart des gens savent maintenant que je jouais de la musique longtemps avant de faire des films. Et même s’il n’a pas été un gros vendeur, Private Radio a reçu de nombreuses critiques élogieuses de la part de journalistes rock très reconnus, ce qui m’a permis d’acquérir de la crédibilité. Quelques semaines avant la sortie de The Edge of the World, je constate que les gens m’acceptent aussi bien en tant que musicien qu’en tant qu’acteur. D’ailleurs, au cours de l’actuelle tournée, on m’a posé très peu de questions à propos de mes prochains films, ce qui me convient parfaitement car j’aurai amplement le temps d’en parler au cours des prochains mois", assure l’artiste aux multiples talents. Cela étant dit, l’acteur dont la carrière a finalement pris son envol -après de longues années de vaches maigres- à la suite de son époustouflante performance dans Sling Blade (1996) n’est pas du genre à éluder les questions. Ce qui ne veut pas dire qu’il y réponde pour autant. En fait, on pourrait dire que Billy Bob Thornton est passé maître dans l’art de contourner les questions qui ont trait à sa vie privée.
Angelina…
Avec un auteur-compositeur-interprète de la trempe de Billy Bob Thornton, qui a remporté l’Oscar de la meilleure adaptation cinématographique (en plus d’être en nomination dans la catégorie du meilleur acteur) grâce à Sling Blade, ne pas poser de questions sur l’inspiration à l’origine de ses textes serait un non-sens. D’autant plus que l’auditeur non averti aura tout de suite l’impression que chaque chanson de The Edge of the World s’adresse d’une façon ou d’une autre à son ex-épouse Angelina Jolie, avec qui il a été marié pendant trois ans, avant de déclarer forfait en mai 2003. "Non, aucun des textes de l’album ne s’adresse à elle", se contente-t-il de dire doucement, sans jamais prononcer le prénom de son ex au cours de l’entrevue. "Par contre, c’est vrai que plusieurs chansons traitent d’une seule et même personne. Je parle de l’expérience humaine dans son sens le plus vaste. D’une certaine manière, The Edge of the World est un album-concept à propos d’une personne abîmée par la vie, mais sur le point de guérir et de comprendre le sens véritable de l’existence. On pourrait également dire que l’album comporte deux parties. Dans la première, on retrouve des textes à propos d’une personne qui pointe les autres du doigt en les blâmant d’être responsables de ses problèmes; tandis que dans la seconde partie, cette même personne réalise graduellement qu’elle est en charge de sa propre destinée", explique le chanteur qui a célébré ses 48 ans en août dernier. Après une fraction de seconde d’hésitation, il ajoute: "Évidemment, une certaine portion de The Edge of the World est autobiographique, même si la plupart des personnages de mes chansons ne sont pas connus", dit-il en précisant qu’il a repris les morceaux Baby Can I Hold You de Tracy Chapman et Everybody’s Talking de Fred Neil parce qu’ils complétaient bien son histoire.
Défoulement
Qu’il s’agisse de l’écriture de scénarios de films ou de chansons, Billy Bob Thornton reconnaît qu’en ce qui le concerne, écrire est une forme de défoulement dont il ne pourrait se passer. "Je ne m’assois jamais avec l’intention d’écrire. C’est plutôt une émotion, un sentiment qui me pousse à prendre ma guitare et à composer une mélodie ou un texte. J’oserais même dire que l’écriture me permet de rester sain d’esprit. Quand je dépasse un certain point de saturation, j’ai besoin d’exprimer ce que je ressens. Et si je ne crois pas qu’il est essentiel d’écrire dans la douleur, j’aurais tendance à penser qu’il faut avoir éprouvé de la douleur à un moment ou à un autre de sa vie pour le faire. Personnellement, je crois que j’ai en mémoire suffisamment de souvenirs pénibles pour écrire pendant au moins 25 ans encore", lance-t-il en riant. Effectivement, la vie de Billy Bob Thornton n’a pas toujours été facile. Après avoir chanté et joué de la batterie pendant plusieurs années dans le groupe hommage à ZZ Top Tres Hombres, le natif de Hot Springs, Arkansas s’est installé à Los Angeles en 1981 dans l’espoir de devenir acteur. La réussite a toutefois mis plusieurs années avant de se présenter, sous la forme d’un premier rôle intéressant dans la télésérie The Outsiders, en 1990, suivi deux ans plus tard du film One False Move, qu’il a co-écrit avec Tom Epperson. Depuis, le comédien-scénariste-réalisateur-auteur-compositeur-interprète enfile les succès, petits et grands. Seulement en 2001, on a pu le voir dans deux excellents films, The Man Who Wasn’t There des frères Joel et Ethan Coen et Monster’s Ball, qui a permis à Halle Berry de remporter l’Oscar de la meilleure actrice. La liste pourrait s’allonger considérablement, d’autant plus que d’ici décembre, on pourra le voir dans quatre films: Intolerable Cruelty, encore une fois sous la direction des frères Coen, Love Actually, The Alamo et Bad Santa (voir encadré). N’empêche, le principal intéressé n’estime pas être une grande vedette. "Je ne suis pas le genre d’acteur qui gagne 25 millions de dollars par film et je dois souvent me battre pour que les projets qui me tiennent à coeur aboutissent. Je préfère me concentrer sur des projets qui me conviennent plutôt que de jouer pour l’argent. Quand j’incarne un personnage, c’est parce que je suis persuadé d’être le meilleur acteur pour le rôle, sinon je le confie à quelqu’un d’autre." S’il devait choisir entre sa passion pour la musique et celle pour le cinéma, que ferait-il? "Je serais incapable de choisir l’un ou l’autre car la musique est aussi essentielle à ma vie que le jeu. Par contre, si on me demandait de choisir entre la possibilité d’être un bon père pour mes enfants (Amanda, née de son mariage avec Melissa Lee Gatlin, William et Harry, nés de son union avec Pietra Dawn Cherniak et Maddox, qu’il a adopté durant sa relation avec Angelina Jolie), faire des films ou de la musique, je choisirais sans hésiter d’être un bon père pour mes enfants", assure Billy Bob Thornton.
Le 29 août à 20h00
Au Spectrum
Renseignements supplémentaires:
Cet automne, Billy Bob Thornton sera partout sur nos écrans, et y portera les chapeaux les plus disparates… pour notre plus grand bonheur! Imaginez, en octobre, nous le retrouverons dans le nouveau film des frères Coen, Intolerable Cruelty, une comédie sentimentale mainstream -une première pour les auteurs de Blood Simple, Fargo et The Man Who Wasn’t There -, aux côtés de George Clooney et Catherine Zeta-Jones, dont il interprétera l’un des nombreux ex-maris. L’imperturbable acteur prendra un malin plaisir à nous surprendre cet automne en endossant aussi le rôle du président des États-Unis, celui du père Noël et celui de Davy Crockett. En effet, Billy Bob fera, en novembre, une apparition dans Love Actually, de Richard Curtis (scénariste de Four Weddings and a Funeral et de Notting Hill), en tant que président des États-Unis, tandis qu’il incarnera, un peu plus tard dans le mois, le bon barbu tout de rouge et de blanc vêtu dans Bad Santa, de Terry Zwigoff (Ghost World). Inutile de préciser que Noël risque d’être plutôt trash cette année. Et qu’on aura droit à un film bien différent de celui auquel on aurait pu s’attendre si Bill Murray avait accepté le rôle-titre, comme c’était d’abord le désir du réalisateur. Enfin, notre caméléon enfilera en décembre le casque de raton laveur de Davy Crockett dans The Alamo, de John Lee Hancock (The Rookie), relatant le plus célèbre siège du Texas. Un héros avec lequel Thornton se trouve d’ailleurs de nombreuses affinités, lui qui a grandi dans le bois et qui aime l’aventure. Qui sait, peut-être devrait-il aussi envisager une carrière politique… (J. Ouellet)