MEG- TTC : Véhicule tout-terrain
Musique

MEG- TTC : Véhicule tout-terrain

Il était de bon ton, il y a quelques mois encore, de critiquer la situation du rap hexagonal. Un trio d’hurluberlus a alors surpris tout le monde avec un disque sorti tout droit des presses britanniques de la branche hip-hop de Ninja Tune. Surexcité, extravagant et légèrement décalé, le son de TTC retrouve la folie perdue du hip-hop avec ses teintes surréalistes et son humour décapant. Par exemple, la pièce Léguman raconte les péripéties de ce "super-héros végétal électroménager", alors que les trois comparses incarnent à tour de rôle une partie du métro parisien sur Subway et que De pauvres riches s’en prend aux bourgeois se représentant dans la misère. De l’énergie à l’état pur, engendrée par le goût du risque, qui se transforme en coup de poing dans la gueule du hip-hop formaliste.

"Disons que notre pire ennemi est l’ennui, raconte Teki Latex en expliquant leur hyperactivité. Il est important de remettre en cause les choses qui sont restées figées depuis le début du rap. C’est essoufflant mais crucial." Depuis quelque temps, le hip-hop français est très souvent tombé dans une recherche d’"authenticité" fallacieuse au détriment de la musique. "Une musique qui a besoin de se justifier en permanence avec des codes est une musique complexée. Certains tentent d’établir une sorte de folklore pour justifier le côté historique de cette musique. C’est un signe de manque de confiance en soi un peu ennuyeux." Étant plus que de la contestation, la musique de TTC groove. Les sonorités électroniques froides deviennent chaleureuses par leur utilisation rythmée. "En général, on est plus touché par des émotions qui émanent de la musique froide que par de la musique organique et "crédible". Je pense qu’il n’y a rien de pire qu’une musique dite "crédible". Peut-être la musique "mature": c’est vraiment atroce." TTC ne se réclame d’aucune étiquette et aborde ainsi plusieurs sujets, autant sociaux qu’humoristiques. Alors que la mélodie défigurée de Dancing Queen peut leur servir d’échantillon, la situation du monde autant que des désirs lesbiens secrets traversent leur flow. La métaphore bien en place, les trois rappeurs jouent avec la langue en se faufilant dans les jeux de mots et les images éclatantes.

Plus grands représentants de la marginalité rap en France, ils s’attaquent maintenant au marché de nos voisins du sud avec un premier spectacle à New York cette semaine. "C’est un défi. Les Français écoutent beaucoup de musique anglophone sans y comprendre un mot. Je pense qu’en faisant une musique futuriste et volontairement tournée vers l’avenir, intéressante, riche et un peu pointue, on peut toucher des gens qui ne comprennent pas le français. J’en suis persuadé. Le côté folklorique peut aussi intéresser les gens. De toute manière, notre musique ne change pas selon le public, alors peu importe l’angle, tant qu’on fait une musique honnête."

Le 22 octobre
À la SAT
Dans le cadre du MEG
Avec Airborne Audio, Ghislain Poirier, Heat Sensor et Dj Cx Kidtronic