Rencontre: Lyne Fortin : L'air libre
Musique

Rencontre: Lyne Fortin : L’air libre

Elle est l’une des sopranos les plus en demande au pays et elle multiplie les engagements ailleurs. LYNE FORTIN s’attaque pour la première fois au rôle de Thaïs, dans une nouvelle production de l’Opéra de Montréal. Un rendez-vous à ne pas manquer.

Lyne Fortin n’a rien du personnage de diva que l’on imagine souvent à propos des grandes sopranos. Simple, directe et fort sympathique, si elle a une certitude qui lui permet de monter sur scène sans être accablée par le trac, c’est qu’elle a la voix pour faire ce métier. "J’avais déjà chanté l’air de Thaïs, mais je n’avais aucune idée du rôle complet au moment où j’ai accepté de le faire", me dit-elle quelques minutes avant la première répétition. "J’ai donc dû l’apprendre, bien sûr. Je l’ai déjà dit souvent: ça ne m’énerve pas de chanter et ça ne m’énerve pas de jouer non plus! Je n’ai pas la prétention d’être une grande actrice, mais j’ai appris en faisant mon métier et je pense que j’ai un bon instinct. J’ai été chanceuse jusqu’à maintenant, alors je ne m’en fais pas trop! Il s’agit d’un opéra français et ce sera amusant de faire ce qu’il y a dans la partition, plutôt que ce que les gens pensent que doit être la "musique française". Récemment, on a eu droit sur disque à beaucoup de caricatures de "musique française" et je trouve ça frustrant à entendre. Cette fois, on pourra montrer que cette musique-là est beaucoup plus simple que certains cherchent à le faire croire." À cette occasion, Bernard Labadie aura sans doute du plaisir à faire ressortir les couleurs "françaises" de l’OSM.

Un opéra, c’est un gros bateau; avec le chef d’orchestre, le metteur en scène et les collègues chanteurs, ça fait beaucoup d’interactions à gérer… "Ça change évidemment à chaque production, commente Lyne Fortin, parce qu’il y a des gens avec qui l’on s’entend mieux ou moins bien. J’ai déjà travaillé avec le baryton Gaétan Laperrière, qui fait le personnage d’Athanaël, et aussi avec Bernard Labadie, plusieurs fois, alors je sais bien que l’on va discuter sur certains détails et que je finirai par dire "Ah, Bernard, tu m’énerves!", mais on va s’entendre! Il n’y a jamais de sang sur les murs, à moins que ce soit spécifié dans le livret… C’est la même chose avec le metteur en scène Renaud Doucet, ce sont des gens "parlables", mais ils ont leurs convictions… comme moi-même!" lance-t-elle dans un grand éclat de rire. En janvier, elle sera à Kitchener avec Opera Ontario pour interpréter le personnage de "Elle" dans un autre opéra français, La Voix humaine de Poulenc et Cocteau, un rôle qu’elle apprend actuellement.

Thaïs (1893), de Jules Massenet, est un opéra assez particulier. L’air le plus connu de l’oeuvre, Méditation, est une pièce… instrumentale. Mais il y a aussi des mouvements vocaux d’une grande beauté, et moult notes haut perchées. Cette histoire d’une femme dépravée qui sera convertie par un moine fou d’amour pour elle se déroule sur fond d’ambiance orientalisante, dans des décors et des costumes que l’on nous annonce fastueux. Une première à l’Opéra de Montréal.

Les 1er, 6, 8, 12 et 15 novembre à 20 h
À la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts