Adam Green : Chanteur de charme
Musique

Adam Green : Chanteur de charme

L’anti-folk se veut une version punk du folk traditionnel. Un mouvement qui adhère aux principes de protestation des guitares acoustiques, mais qui se moque complètement des conventions, de l’esthétique et du sérieux de la chose. Pour vous donner une idée, avant d’éclore avec Loser, Beck errait avec Dan Bern dans le milieu anti-folk des soirées Open Mic de New York.

Plus récemment, Adam Green et Kimya Dawson émergeaient du même réseau avec les Moldy Peaches, cette formation légèrement absurde qui ouvrait pour les Strokes lors de leur unique passage montréalais, à l’automne 2001.

Depuis, tout a bien sûr évolué, et M. Green lançait cet été son album solo Friends of Mine, chronique d’une mort annoncée pour les Moldy qui lui avaient pourtant bâti une réputation très enviable de brillant juvénile défoncé. "Les Moldy Peaches existent encore, rassure Adam. Nous sommes en pause indéfinie. Sans contrat de disque, nous pouvons reprendre le collier quand bon nous semblera. J’étais seulement tanné de composer pour un duo. Musicalement, je voulais passer à autre chose."

Mission accomplie pour l’homme dans la jeune vingtaine. Quoique un peu répétitif, Friends of Mine tranche radicalement avec l’attitude lo-fi qui le caractérisait. Sa plume reste toujours aussi grinçante, mais se combine à des arrangements beaucoup plus élaborés. "Les gens sont surpris par cette différence, mais il faut savoir que presque trois ans se sont écoulés entre cet album et mon aventure avec les Peaches. Ce qui est paru entre-temps (deux autres compacts en solo lancés en 2002: Adam Green et Garfield) renfermait du vieux matériel enregistré avant la fondation du groupe. Friends of Mine est donc mon premier effort post-Moldy Peaches. Il sonne moins lo-fi puisque pour la première fois, j’avais l’occasion de travailler dans un vrai studio avec de bons microphones. J’enregistrais mes autres albums à la maison puisqu’il s’agissait du seul moyen de les produire."

Comptant sur une certaine légèreté musicale et une gracieuse section de cordes, des pièces comme Bluebirds et Bunnyranch convertissent maintenant l’adolescent qu’était Green en apprenti crooner. "Je n’avais jamais essayé de bien chanter de toute ma vie. Avec les tournées, j’ai appris à maîtriser ma voix et à lui donner plus de coffre. Je me suis mis aussi à articuler afin que les gens comprennent bien mes paroles. J’ai écouté Frank Sinatra et Chet Baker dont j’ai calqué la manière de respirer entre les mots."

Voilà qui met en relief les textes croustillants d’Adam qui peuvent aussi bien traiter d’une fille sans jambes que du sourire artificiel de la chanteuse pop jetable Jessica Simpson. Un humour noir que nourrissent de cruels regards sur la vie quotidienne.

Et pour les violons? "Si tu observes l’histoire de la musique pop, il y a presque toujours eu des cordes, note Adam. Les laisser de côté est une tendance récente que je trouve absurde. Les violons ajoutent tellement aux compositions; j’aurais été dingue de m’en passer."

Si son dernier concert à Montréal le présentait seul avec sa guitare (en première partie des Libertines), Adam Green se pointe cette fois en ville avec de nombreux musiciens qui l’épauleront. Pour avoir vu le concert à New York lors du dernier CMJ, le gaillard a troqué son costume de Peter Pan, ses cris et ses chorégraphies disjonctées contre une démarche beaucoup plus posée de séducteur. On croirait presque avoir affaire à un dandy avide de romantisme si ce n’était de ces mots qui émanent de sa bouche: "Il n’y a pas de mauvaise façon de baiser une fille sans jambes / Dites-lui seulement que vous l’aimez lorsqu’elle se sauve en rampant."

Le 20 janvier
Au Café Campus