Harry Connick Jr : Première classe
Un authentique crooner, je vous dis. En ce joli matin d’hiver ensoleillé, le beau HARRY m’apparaît au téléphone comme un vrai modèle d’assurance et de décontraction. Un gentleman américain dans toute sa splendeur. Ça se voit… et ça s’entend aussi, bien sûr.
Alors, pianiste ou chanteur, Mister Connick? "Je ne peux vraiment pas choisir l’un au détriment de l’autre. Pour moi c’est du 50-50. J’adore chanter et j’adore m’installer au clavier juste pour jouer. Je me sens aussi bien avec un micro devant un big band, et je m’offre d’ailleurs ce luxe dans le nouveau spectacle, mais nous faisons aussi des pièces en trio et je chante même en solo, seul au piano. J’aime faire un peu de tout."
Pas étonnant non plus que le beau gosse de Savannah ait aussi flirté avec le septième art. Ancien élève du pianiste Ellis Marsalis (le papa de Winton et de Branford), présenté à ses débuts plus comme un enfant prodige du piano jazz qu’un nouveau Sinatra, il a quand même été propulsé par le succès de la trame sonore du film de Rob Reiner When Harry Met Sally, It Had to Be You. Ça devait être lui, forcément! Avec quelques petits rôles dans des gros films comme Independance Day et un retour au piano plus funky, sa carrière, dans les années 90, connaît des hauts et des bas. "C’est un beau challenge de pouvoir faire les deux. C’est vraiment l’fun. D’autant que, pour jouer à l’écran, j’ai l’impression d’utiliser les ressources qui me permettent aussi d’être performant sur scène. Des fois mon agent me trouve des rôles, des fois c’est au gré des rencontres que certains déclics se produisent. J’espère continuer et prendre avantage des temps morts."
Il a beau avoir cet air de total dilettante, je ne peux m’empêcher de lui parler des mots terribles de Keith Jarrett, un compatriote pianiste incontournable, de 20 ans son aîné, qui explique, dans la présentation de son dernier opus Up for It, la difficulté d’exister en tant qu’artiste de jazz en temps de guerre, lorsque les valeurs sont chamboulées tant par le terrorisme et les manouvres de mondialisation que par le marketing et toutes les tentatives de standardisation. "J’aime beaucoup mon pays et, personnellement, je suis très attristé par tout ce qui se passe, avoue Connick, mais cela n’affecte jamais mes spectacles. Le terrorisme n’a d’autre but que de nous flanquer la frousse, mais tant que les gens se déplacent pour venir me voir, je leur donne un show."
Né un 11 septembre, surfant sur le succès évident d’un album de Noël, Harry for the Holidays, dans lequel il se révèle très à l’aise, Harry n’a pas le temps de se reposer sur ses lauriers. Il se dit très excité à l’idée de retrouver la belle salle de la place D’Youville et de dévoiler le nouveau matériel. D’ailleurs, si vous êtes fan de Connick, le double concert du Capitole représente une triple aubaine. D’abord, voir le chanteur sous plusieurs facettes (trio, solo, grand orchestre avec des cordes en prime); deuxièmement, être spectateur et en même temps acteur du spécial qui sera filmé à l’occasion pour la télévision publique américaine PBS; troisièmement, écouter en primeur l’exécution en public des pièces de son nouvel album Only You, qui sort le mois prochain. "C’est une collection de chansons des années 50 et 60 qui avaient été des succès avant même ma naissance en 67. En fait, c’est un ami qui m’a proposé l’idée d’en enregistrer quelques-unes et puis j’ai vraiment embarqué! Je fais la chanson des Platters, mais aussi More, The Very Thought of You, I Only Have Eyes for You, etc. Je suis un musicien de jazz avant tout et des standards comme ceux-là sont toujours bienvenus dans mon répertoire. Parce que ce sont de grandes chansons, on peut s’offrir le loisir de les approcher de bien des manières différentes."
Les 8 et 9 janvier à 20 h
Au Théâtre Capitole
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