Vincent Vallières : Guidé par l'instinct
Musique

Vincent Vallières : Guidé par l’instinct

Il en a coulé de l’eau sous les ponts de Sherbrooke depuis le temps où Vincent Vallières apprenait la guitare avec René Gilbert. Et autant depuis le moment où il faisait la finale de Cégeps en spectacle avec son groupe Trente Arpents. Trois albums plus tard, le rocker de 25 ans regarde avec satisfaction le chemin parcouru et poursuit sa route, guidé par son instinct.

Figure connue dans la région, Vincent Vallières se laisse tranquillement apprivoiser par le reste du Québec. Son dernier opus, Chacun son espace, a reçu des commentaires élogieux et quasi unanimes de la critique. Le collègue Patrick Ouellet de Québec l’a notamment qualifié de "solide album aux textes bien sentis".

Très fier de ce dernier album, Vincent Vallières avoue cependant en avoir bavé. "J’ai été incertain jusqu’à la fin. J’ai douté de tout, mais ça fait partie de mon processus de création. Je me questionne toujours pour savoir si j’ai amené chaque toune le plus loin possible", explique-t-il. Et même s’il met beaucoup d’efforts dans sa musique et ses textes, le musicien est un partisan des "prises uniques". Le collage en studio, le rapiéçage à l’ordinateur, très peu pour lui. "Je n’aime pas l’idée de perfection. J’essaie d’y aller avec l’instinct, de garder le premier jet. Comme à la vieille école, celle de Bob Dylan et de Neil Young", ajoute-t-il.

Le Fleurimontois d’origine est de fait un grand amateur de la musique des années 60 et 70; l’influence des Beatles s’entend d’ailleurs sur Juliette, la troisième chanson du disque. Et après l’entrevue dans un café de la rue Wellington, le rouquin a filé tout droit chez le disquaire pour y chercher quelques vinyles. "Dans ma musique, je cherche à garder la vibe de ces années-là, tout en faisant quelque chose d’actuel et de branché sur le présent."

Chansons joyeuses
Le présent semble pour l’instant sourire à Vallières, qui a tenu le pari d’écrire des chansons joyeuses pour ce troisième album, lequel tranche net avec le style plus sombre, plus trash et plus garage du précédent, Bordel ambiant. "Dans la vie, j’aime avoir du fun, j’apprécie beaucoup les petits instants de bonheur. J’avais envie de traduire ça dans mes chansons."

À travers les titres joyeux se glissent toutefois quelques chansons plus noires comme Le meilleur est pas mort, dont le son rappelle celui de Bordel ambiant. Parce que, comme le dit Vallières en sirotant sa tisane, "la vie, c’est pas tout noir ou tout blanc. Il y a des zones grises. Notre bataille, c’est de trouver notre bonheur. Les chanteurs que j’aime, que je respecte, ce sont ceux qui ont vécu on the edge. Comme Bob Dylan. J’aime beaucoup sa démarche. Il a eu un parcours un peu tout croche, un peu bohémien."

Le parcours de Vincent étonne aussi. Malgré sa certitude de vouloir faire carrière en musique, il a complété un baccalauréat en enseignement à l’Université de Sherbrooke. "J’ai aimé ça faire ça à ce moment-là. Pendant que j’étais là, je ne doutais pas de ce que j’allais devenir chanteur", explique-t-il.

Et malgré les embûches et les disques qui ne se vendent pas par milliers, l’auteur-compositeur-interprète parvient à tirer son épingle du jeu et à vivre de son métier. À une époque où le succès instantané semble presque devenu un gage de qualité, le jeune musicien s’estime chanceux d’être appuyé par un gérant et une compagnie qui croient en lui et qui lui permettent de se développer.

"Je suis content d’avoir la chance de dire ce que je veux comme je veux sur mes disques", lance le nouveau Montréalais. "Et je suis maintenant plus conscient de ce dont j’ai envie. Je sais que j’ai envie d’axer sur le fond plutôt que sur la forme. On vit dans une époque où tout ce qui semble nous préoccuper ce sont les chiffres de vente et les cotes d’écoute. J’ai envie qu’on me parle de fond, pas juste d’enrobage. Je pense que c’est important qu’il y ait des albums qui ne se vendent pas à des milliers d’exemplaires, que les gens sachent que la culture québécoise n’est pas mince et qu’ils peuvent faire un choix."

Bien-être
Avec sa musique, Vincent Vallières souhaite avant tout faire passer un bon moment aux gens. "La mission première d’une chanson, c’est de faire du bien. Quand tu écoutes de la musique, tu pars pour un mini-voyage. Au-delà du message, c’est quelque chose qui me préoccupe de plus en plus quand je compose une chanson."

Mission accomplie, a-t-on envie de lui dire en écoutant Chacun son espace. Difficile de ne pas se laisser emporter par l’esprit léger et planant de l’album. "Je l’aime, ce disque-là! , lancera d’ailleurs Vincent au cours de l’entrevue. Je suis content de ce que je ressens quand je l’écoute."

Le chanteur viendra présenter ses nouvelles pièces au Vieux Clocher de Sherbrooke le 6 mars, après avoir amorcé une mini-tournée à Montréal. En attendant, les fans pourront le voir à l’émission Palmarès, ce vendredi 9 janvier. Le clip de la chanson OK on part, réalisé par Robin Aubert, sera également diffusé sur les ondes de Musique Plus dès le 15 janvier.

Pour sa tournée, le chanteur sera accompagné du guitariste David Brunet, du batteur d’origine sherbrookoise Simon Blouin et du bassiste de la première heure, Michel-Olivier Gasse. En parlant de ses musiciens, Vincent se remémore en outre l’époque de Trente Arpents. Pendant trois ans, une bonne partie de l’argent gagné lors des mariages, des événements corporatifs et des soirées au défunt Café Jazz’rie a scrupuleusement été amassée pour l’enregistrement d’une maquette. "Il y a 1000 copies du démo qui ont été vendues!", lance-t-il, lui-même étonné par l’"exploit".

Nul doute que cette maquette fut la porte d’entrée vers la carrière professionnelle de Vincent Vallières. Et nul doute que le principal intéressé est heureux de la voie choisie. "Je l’aime, cette vie-là!", conclut-il avec un sourire avant d’avaler sa dernière gorgée de tisane.

Le 6 mars à 20 h 30Au Vieux Clocher de Sherbrooke
Tél. : (819) 822-2102