Ambulance Ltd : Bulletin de santé
Sans exagérer, il ne se passe pas un mois, voire une semaine, sans qu’une nouvelle sensation new-yorkaise mette les pieds à Montréal. Le rythme est effarant, et leur ascension suit sensiblement le même tracé. Trois, quatre ou cinq gars (la gent féminine se veut plus rare) se rencontrent sur l’île de Manhattan, pratiquent pendant environ deux ans, deviennent rapidement les chouchous d’une certaine presse alternative et, hop, signent un contrat avec un des bonzes du disque qui, depuis les Strokes, portent une attention démesurée à la Grosse Pomme.
De passage à la Sala Rossa, Ambulance, qui dû apposer Ltd à la suite du mot pour se différencier d’un groupe du même nom, est du lot. Depuis la parution de son EP en juin – un amalgame sucré brit-pop voguant entre Pavement et Elliott Smith -, le groupe a tourné avec Placebo, en plus d’enregistrer récemment un album à Londres qui devrait être lancé avant la fin de l’hiver sur TVT Records, une branche de Universal. "C’est sûr que si nous n’étions pas de New York, la chose aurait été différente, avoue le chanteur et compositeur Marcus Congleton. Je crois que si nous faisions la même musique dans une ville comme Chicago ou Boston, éventuellement, oui, nous obtiendrions la même attention, mais d’une manière différente."
Difficile par contre d’imaginer qu’Ambulance Ltd puisse provenir d’une autre ville. Les cinq musiciens se sont rencontrés à NYC même si seul le bassiste est réellement new-yorkais. "C’est ce qui différencie cette ville du reste du monde: des artistes des quatre coins du monde y convergent dans le seul but de faire de la musique. Notre batteur est d’Irlande, notre claviériste de Washington, notre guitariste de L.A. et je viens de l’Oregon. Je ne crois pas que ce phénomène existe ailleurs."
On pense alors que ces cinq mélomanes ont réussi. Qu’ils ont déménagé et qu’ils vivent aujourd’hui de leur musique. Après tout, ils n’ont pas enregistré leur compact dans un studio local, mais bien en sol londonien. "Pas vraiment, s’oppose Marcus. Nous n’occupons pas d’autres emplois, mais nous sommes loin d’être riches. Nous sommes en fait très pauvres par les temps qui courent. Nous supplions même notre compagnie de disques qu’elle nous donne plus d’argent. Je mange car j’ai des amis mieux nantis qui me soutiennent. Je suis très heureux de partir en tournée car, pour une semaine, je n’ai pas à me soucier de ma condition financière." Devrait-on alors investir moins d’argent dans la production d’un album et plus dans les poches des artistes? "C’est la première fois qu’on me pose la question… Oui, tout à fait. Ce serait une meilleure utilisation de l’argent pour tout le monde. De toute façon, l’argent qu’ils investissent est le nôtre puisqu’ils le reprendront sur nos ventes d’albums."
Ne serait-ce que pour son portefeuille, espérons qu’Ambulance Ltd n’annulera pas son concert à Montréal comme il l’avait fait lors du dernier Pop Montréal. "Je m’étais foulé le doigt en me battant dans un bar de Londres après un spectacle, quelques jours auparavant. Je promets donc d’être tranquille à Ottawa pour être certain de jouer chez vous le lendemain."
Le 15 janvier
À la Sala Rossa
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