Entretien avec Steve Normandin : Bien accordé
Musique

Entretien avec Steve Normandin : Bien accordé

L’avertissement est lancé: l’accordéoniste STEVE NORMANDIN souligne au téléphone qu’il est méconnaissable. Le visage durci par le port d’une barbe, il échappe qu’il ressemble à un policier ou à un Russe. Un drôle de look exigé par sa participation à la nouvelle création de Robert Lepage.

Il n’y a nul doute, Steve Normandin était destiné à travailler avec Robert Lepage (La Face cachée de la lune, , Mondes possibles). Recommandé par trois différentes connaissances, dont une amie du créateur québécois, le musicien de Cap-de-la-Madeleine a finalement été approché par le maître pour jouer dans L’Opéra de quat’sous, converti en une adaptation libre du Beggar’s Opera de John Gay à la suite d’une controverse concernant les droits d’auteur.

L’ouvre du Britannique John Gay se veut une parodie de la corruption gouvernementale au XVIIIe siècle. Du 18 au 29 février à Montréal, Lepage la reprend avec ses couleurs, l’accordant à la réalité des artistes contemporains. Steve Normandin, piano à bretelles sur la poitrine, s’y insère entre autres comme tisseur d’atmosphères européennes. Satisfait de l’expérience, il apprécie sa chance de travailler avec l’homme de théâtre; il applaudit son don de double vue, son ingéniosité à créer un effet de surprise en juxtaposant deux éléments distincts. Une façon de faire qui influe tranquillement sur sa carrière de musicien: "Je revois ma manière de présenter les choses sur scène, je joue sur l’effet. Je sépare la métrique différemment pour amener une autre lecture de la chanson."

Heureux de pouvoir vivre une expérience de groupe, Normandin souligne aussi son plaisir de s’investir à l’intérieur de projets solos. Car, plus que tout, il aime avoir la liberté d’emprunter la ligne de conduite qui lui plaît. Plusieurs dates sont d’ailleurs arrêtées pour la présentation de son spectacle Chansons en noir et blanc, qui, selon lui, commence à tenir la route. Le sympathique barbu se prépare pour une tournée des salles du Réseau Centre, en plus de se permettre deux escales dans la région au Maquisart (4 février) et au Théâtre Belcourt (17 avril).

S’il prévoit débarquer avec un concept plus personnel, où il interprétera davantage de ses compositions, d’ici l’automne 2004, le musicien articule pour le moment son répertoire autour de ses coups de cour: des artistes de la vieille chanson française, dont sa tête d’affiche, Marie Dubas. Normandin se défend de s’attarder aux grands classiques. Riche d’une collection de 3000 albums et d’un gramophone, il préfère mettre en lumière des ouvres moins connues et raconter des histoires aux propos universels. "J’aime les chansons qui sont comme des guillotines", laisse-t-il échapper, plus tard.

Le 4 février à 20 h
Au Maquisart
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