The Stills : Success story
À l’aube d’une tournée internationale, le guitariste GREG PAQUET explique, de son appartement de Côte-des-Neiges, comment THE STILLS ont séduit les médias américains alors que leur propre ville natale ignorait presque leur existence.
Légère leçon d’histoire: faute d’aboutir à l’apocalypse informatique, l’an 2000 marquait la fin du groupe ska montréalais The Undercovers. Nous apprenions par la suite que trois de ses membres œuvraient sous le nom des Dropouts, une formation rock tout aussi méconnue du grand public qui rôde encore aujourd’hui dans les petites salles enfumées de la Métropole, mais avec un alignement différent. Pour cause: en juin dernier, surprise, Rolling Stone publiait une photo de ces mêmes trois ex-Undercovers, puisque le magazine américain incluait leur nouveau cheval de Troie, The Stills, à son top 10 des groupes à surveiller en 2003. Une semaine avant, ici même au Québec, ce nom signifiait presque autant que celui du cinquième défenseur des Blue Jackets de Columbus. Aurions-nous manqué un épisode?
Une histoire cendrillonesque à faire crier les puristes indépendants, mais décrite par Kurt Cobain comme la plus excitante de toute la carrière d’un musicien. Soit cette période juste avant l’explosion. Celle où un buzz se crée autour d’un groupe qui voit alors les années de vaches maigres tirer à leur fin.
"Tim Fletcher (chanteur/guitariste), Dave Hamelin (batteur/multi-instrumentiste et compositeur de 9 des 12 pièces du compact des Stills) et Oliver Crowe (bassiste) ont quitté The Undercovers alors qu’ils en avaient déjà changé la direction, mais n’obtenaient pas le succès escompté; probablement parce que les gens associaient toujours le groupe au monde ska. Ils ont ensuite formé les Dropouts, puis les Stills, où je les ai rejoints. Comme Gus Van Go (Me Mom and Morgentaler) avait réalisé l’album Some People des Undercovers, nous continuions à lui envoyer des démos, chez lui à New York."
Tiens donc, les deux mots magiques. Comme le chantait Sinatra: "If I can make it there, I’ll make it anywhere!" C’est donc par l’entremise de Gus que le quatuor se pointe à NYC pour y rester tout l’été 2002. "Nous avons passé deux mois là-bas, raconte Greg. Nous enregistrions notre EP (Rememberese), et grâce aux contacts de Gus, nous donnions un concert par semaine. Les gens ont commencé à nous connaître."
Le premier en lice et non le moindre: Carlos D, chanteur du groupe Interpol qui monopolisait au même moment la presse alternative avec l’album Turn on the Bright Lights. "Il est venu nous voir après un spectacle et nous sommes rapidement devenus copains. Il s’est mis à nous soutenir, et surtout, à parler de nous lors de ses nombreuses entrevues." Le point culminant de cette relation fut sans soute lorsque Interpol demanda aux Stills de les accompagner lors d’une tournée américaine.
"Nous avons passé la fin 2002 et le début 2003 entre Montréal et New York, une ville bourrée de dépisteurs à la recherche des prochains Strokes. On a commencé à recevoir des cartes d’affaires de compagnies de disques intéressées à nous. Capitol nous a d’ailleurs payé un voyage à Los Angeles où nous logions dans un hôtel luxueux et mangions dans des restaurants huppés. Ces représentants sont des personnages très particuliers. Ils s’amusent souvent à jouer la grosse game en vous invitant dans les limousines de leur compagnie."
La logique voulut que la musique des Stills, un rock inspiré des années 80 (The Smiths) et de la pop britannique (Echo and The Bunnymen, avec qui ils étaient en tournée cet automne), trouve refuge chez Vice Recordings, une compagnie affiliée au magazine new-yorkais Vice, fondé par des Montréalais. La suite? Encore à venir. L’album Logic Will Break Your Heart s’apprête maintenant à sortir en Angleterre où il risque bien de causer la traditionnelle commotion britannique. En attendant, ce serait fou de les rater chez nous au Cabaret du Plateau… Déjà que nous avons manqué le bateau une fois.
Le 7 février
Au Cabaret du Plateau