Super Furry Animals : Bêtes de sons
Musique

Super Furry Animals : Bêtes de sons

Le septième album des Super Furry Animals, Phantom Power, est certainement le grand oublié de l’année 2003. Son absence de la plupart des listes de fin d’année surprend car, au moment de sa parution en juillet dernier, les critiques avaient été élogieuses et unanimes. Le quintette gallois en a-t-il marre d’œuvrer dans l’ombre?

"Nous ne pouvons pas vraiment nous plaindre. Nous sommes ensemble depuis dix ans maintenant, nous avons fait six albums et préparons le septième. Nous sommes toujours là et nous aimons toujours ça", explique d’une voix hésitante Cian Ciaran, claviériste et bidouilleur des S.F.A. Interrompu dans son travail en studio, le plus jeune membre semble avoir l’esprit ailleurs. Il hésite, fait de longues pauses puis emprunte quelques expressions courantes pour résumer le fond de sa pensée. Le succès de la formation n’équivaut pas à celui de Blur, Radiohead ou Coldplay, et pourtant, ses albums sont des bijoux de pop métissée de psychédélisme, de folk, d’électro, de soul et tutti quanti. "Je ne peux pas expliquer ça, personne ne le peut. Il faut parfois être au bon endroit au bon moment." Les S.F.A. prennent tout de même des moyens délirants pour promouvoir leur carrière. Il y a quelques années, ils se payaient un tank pour parcourir les festivals européens. De plus, les amusantes et populaires bestioles animées de Pete Fowler (Monsterism) qui les accompagnent sont devenues une marque de commerce du groupe. Ils ne manquent pas d’humour et le producteur délégué raconte de bien étranges histoires sur le DVD de l’album. "Oui, tout ça est bien vrai, confirme Cian, l’air gêné. Disons qu’il fallait agrémenter les séances en studio. Il se marrait bien… parfois! Vous savez, on ne se prend pas au sérieux, on ne joue pas l’attitude des rock stars prétentieuses. On veut s’amuser, voilà tout." Les cinq comparses savent rigoler mais aussi travailler sérieusement. Le groupe assume maintenant la réalisation de ses albums, en plus d’orchestrer son site Internet et ses DVD. Toutefois, la vie des membres ne tourne pas seulement autour de la musique, une autre chose les passionne.

Le 19 novembre dernier, d’un coup de tête, Vadim Evseev chavirait le cœur de près de trois millions de Gallois. Son but permettait de vaincre le pays de Galles, et la Russie accédait à la Coupe d’Europe de football 2004. Après un formidable tournoi de qualification, l’équipe nationale du pays de Galles ratait de peu une participation à la phase finale d’une compétition majeure. Les Gallois attendent ce moment depuis 1958. "J’ai pleuré quand l’arbitre a sifflé la fin du match. Nous écoutions la partie sur Internet. Nous étions alors en tournée au Japon et c’était impossible pour nous de voir le match à la télé." Cian ne peut être plus sincère au téléphone. L’engouement du groupe pour ce sport lui a d’ailleurs valu une apparition cachée, le S.F.A. Football Club, dans un jeu vidéo de soccer. Puis, revirement de situation, quelque temps après la partie, un joueur russe échouait à un test antidopage. La Fédération nationale du pays de Galles décida d’en appeler du résultat du match devant la Fédération européenne (UEFA). Cette dernière aura rendu son jugement le 3 février, soit trois jours avant le passage des S.F.A. à Montréal. "Il faut être réaliste, nous n’avons pas vraiment de chances. Par contre, ça risque d’influencer notre humeur, peu importe la décision, ça, c’est certain! Ce sera une énorme fête si jamais nous obtenons gain de cause!"

Le 6 février
Au Café Campus
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