Suzanne Rousseau, directrice du festival Nuits d’Afrique : La filière maghrébine
C’est un des premiers festivals en hiver. Pas évident. À contre-courant, pas seulement à cause du contenu spécialisé, mais parce que la circulation des artistes à cette période de l’année est plutôt réduite. Suzanne Rousseau, directrice de Nuits d’Afrique, qui a mis cette activité sur pied il y a 13 ans, se souvient des débuts difficiles. "C’était la guerre du Golfe. Je me rappelle, les journaux titraient:
Mais les gens du Balattou en ont vu d’autres. Leur principal souci était de réhabiliter la scène maghrébine locale, qui en avait grand besoin. "Ça a beaucoup évolué depuis quelques années, poursuit l’organisatrice. Avant, les artistes maghrébins à Montréal étaient confinés aux restaurants ou aux mariages. Il n’y avait pas de développement sur scène, pas de véritable spectacle pour le public."
Résultat: des formations modernes et vraiment intéressantes ont émergé. Comme Syncop, gagnant des Francouvertes 2003, qui clame haut et fort comment il a été révélé par le Festival des Musiques du Maghreb. "On tient vraiment à le faire, confirme Suzanne Rousseau. Le défi est là. D’ici et d’ailleurs, les groupes sont vraiment décidés, motivés. Et puis, ce festival, c’est celui des artistes. Ce sont eux qui nous appellent des mois à l’avance. De tous les événements que nous organisons, c’est celui où ils s’impliquent le plus."
À preuve, la tête d’affiche cette année: Hamid Bouchnak, du Maroc, en première canadienne. Fortement recommandé par les artistes d’ici! Originaire d’Oujda, à quelques kilomètres de la frontière algérienne, l’invité d’honneur a commencé à jouer de la musique en famille avec les Frères Bouchnak, un groupe qui rassemblait la progéniture d’Afandi, un patriarche de la musique andalouse version Ghanarti. Hamid a fait figure d’enfant prodige parce qu’il a débuté comme percussionniste et chanteur précoce. "On a été les premiers à électrifier la musique marocaine, m’explique-t-il au téléphone depuis Paris où il vit à moitié cloîtré dans son studio maison. On a créé une mode. Ce n’est pas juste du raï, c’est du world. Mais comme j’avais une voix féminine, la plupart des autres groupes qui jouaient dans les célébrations mondaines ont été contraints à l’époque d’ajouter un petit garçon. Sinon, ils n’avaient pas le bon son, la bonne recette."
Célèbre chez lui grâce à un titre, Allez, allez!, dédié à l’équipe de soccer marocaine en 99, il risque fort de reprendre du service ces jours-ci, si la sélection nationale poursuit sa percée victorieuse dans la Coupe d’Afrique des nations qui se déroule ce mois-ci en Tunisie.
Les 6 et 8 février
Au Kola Note avec Salaam et Syncop
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