Karen Young : Retour à soi
KAREN YOUNG s’éloigne tranquillement des bands trop populeux afin de se consacrer à des formations plus petites. Une merveilleuse façon de se réapproprier sa voix…
Jointe au téléphone, Karen Young annonce qu’elle prépare actuellement son projet de retraite. Un moment de perplexité. Puis sa voix rieuse confirme la blague. Forte d’une carrière éclectique de près de 25 ans, la chanteuse jazz aurait pu décider d’en finir avec le show-business. Heureusement, il n’en est rien. "Quand on a le feu pour la musique, on ne prend jamais de retraite", déclare-t-elle, sur un ton qui se veut rassurant.
La sereine artiste renoue en fait avec ses anciennes amours: le chant choral. Elle redécouvre cette portion de la musique qui met en valeur la beauté des voix, surtout lorsque l’exercice de chanter est réalisé au cœur d’une église. Elle avoue craquer pour l’effet de réverbération que cela produit: "Tu peux remplir une salle simplement avec ta voix." Sa longue période d’abonnement, comme interprète jazz, aux bars enfumés et aux éternelles batailles avec des systèmes de son de piètre qualité explique en partie son attrait pour la résonance des constructions religieuses. Par ailleurs, cet intérêt ravivé influencera l’un de ses deux nouveaux projets d’albums, qui succéderont à Live in Your Living Room, enregistré dans les Laurentides chez un ami, et à son dernier opus, La Couleur du vent.
Est-ce l’âge ou un besoin de retourner à l’essentiel? Karen Young évite maintenant de se greffer à des groupes de musique surpeuplés. Elle se réfugie plutôt dans des formations plus intimistes, car elle a l’impression que c’est à l’intérieur de ces dernières que sa voix peut prendre davantage d’espace. D’où son désir de poursuivre avec son trio jazz formé de Normand Lachapelle (basse) et de Sylvain Provost (guitares). Vieux comparse, Lachapelle accompagne Young depuis une douzaine d’années. Une amitié inexplicable, mais basée sur une passion commune: l’exploration de styles musicaux variés.
En dehors de sa vie professionnelle, la musicienne aime quitter le brouhaha urbain et mordre dans le charme champêtre des régions. Le simple fait d’aborder le sujet éveille soudain en elle l’image de son jardin de fleurs, qu’elle dorlote d’avril à novembre. Contrairement à son conjoint qui préfère les paysages non influencés par l’homme, Karen Young adore avoir la possibilité d’apposer sa griffe jusque dans l’organisation de la nature. Comme quoi il s’avère impossible de dissocier l’artiste de la femme! La retraite? Il n’y a plus de doute, c’est pour jamais…
Le 14 février à 20 h
Au Théâtre Belcourt
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