Nicole Lizée : Rythmes du cour
L’Orchestre Métropolitain offre à la jeune compositrice NICOLE LIZÉE une occasion en or de faire entendre sa musique en création. Discussion avec une jeune compositrice dont on reparlera.
Originaire de Gravelbourg en Saskatchewan, c’est à l’Université de Brandon, Manitoba que Nicole Lizée a commencé ses études en composition. Elle est ensuite venue faire sa maîtrise à l’Université McGill avec John Rea et Denys Bouliane et c’est là, avec l’Ensemble de musique contemporaine de McGill, qu’elle a composé RPM, sa première œuvre pour ensemble instrumental et platiniste (D.J.). "Je cherchais à faire quelque chose d’un peu spécial pour mon travail de maîtrise, explique-t-elle, et à l’époque (1998-2001), je suivais pas mal la scène des D.J. D’abord, je voulais composer une musique où les instruments imiteraient le travail du D.J. et j’ai travaillé longtemps dans cette direction avant de décider d’ajouter à l’ensemble un véritable D.J., pour lequel j’ai écrit une partition. Ensuite, le problème, c’était d’en trouver un qui puisse la suivre! Et j’ai trouvé DJ P-Love. C’est aussi lui qui participera au concert avec l’Orchestre Métropolitain."
Nicole Lizée a par la suite participé à la série "Ateliers et concert" de l’Ensemble contemporain de Montréal, en 2002, avec une pièce intitulée Left Brain/Right Brain. Cette même année, elle remportait le prix Robert-Fleming du Conseil des Arts du Canada. La pièce créée par l’Ensemble de McGill a très certainement été déterminante pour sa carrière et on lui commande maintenant des œuvres incluant un platiniste. "J’en ferai une autre pour CBC avec des membres de l’Orchestre symphonique de Winnipeg. On pourra aussi en entendre une lors d’un concert consacré exclusivement à ma musique que l’ensemble Kore présentera le 19 avril prochain à la Société des arts technologiques (SAT). Et puis, bien sûr, il y a celle-ci, avec l’Orchestre Métropolitain. Au début, je voulais faire une pièce pour orchestre "seulement", mais ils étaient vraiment intéressés à avoir un D.J., alors j’ai composé King Kong and Fay Wray, pour orchestre et platiniste."
Le concert s’intitule en effet Pages d’amour et réunit quelques-unes des plus belles histoires d’amour qui aient été mises en musique. On y entendra celles de Roméo et Juliette (Tchaïkovski), Tristan et Isolde (Wagner), Psyché et Éros (Franck), Daphnis et Chloé (Ravel) et celle de… King Kong avec Fay Wray, l’actrice qui jouait le personnage Ann Darrow dans le film de 1933. "Ce n’est pas une œuvre à programme, explique Nicole Lizée; je ne cherche pas à raconter l’histoire du film, mais plutôt à rendre compte de l’étrange histoire d’amour entre cette femme et cet énorme gorille. Vers la fin de la pièce, on entend quelques citations du film dont, bien sûr, les fameux cris de Fay Wray!"
On aura l’occasion d’entendre la musique de Nicole Lizée sept fois dans les jours qui viennent puisque l’Orchestre Métropolitain et Yannick Nézet-Séguin reprendront ce programme dans le cadre d’une tournée montréalaise qui débute ce jeudi 12 février au Théâtre Outremont. L’Orchestre sera au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts le lundi 16 février. Pour obtenir la liste des arrondissements visités, on peut joindre l’Orchestre au (514) 598-0870 ou à l’adresse www.orchestremetropolitain.com.
Disque de la semaine
Orchestre Métropolitain du Grand Montréal:
Yannick Nézet-Séguin, direction; Karina Gauvin, soprano
Mahler 4
(ATMA Classique)
Fort du succès remporté lors du dernier gala des prix Opus, où son tout premier enregistrement, une monographie consacrée à Nino Rota, a remporté le prix du Disque de l’année dans la catégorie "Musiques classique, romantique, postromantique, impressionniste", Yannick Nézet-Séguin nous présente maintenant sa version de la Symphonie no 4 de Gustav Mahler. Une fois encore, on est charmé par la sonorité de l’Orchestre, qui pourrait bien valoir à la productrice Johanne Goyette un autre Opus pour la production discographique de l’année, comme le précédent enregistrement de l’OMGM. La symphonie, qui baigne entièrement dans un climat de joie, est rendue lumineuse par la précision des musiciens et la superbe prise de son. Le chef y démontre sa parfaite maîtrise de l’œuvre et Karina Gauvin, dans le mouvement final, ne fait pas défaut à sa réputation d’être l’une des plus belles voix d’ici. 5/5