The Field Register : Petit navire

Vrai que nous sommes déjà habitués à un certain exode des musiciens ayant grandi à Moncton. Julie Doiron vit maintenant chez nous, Rick White évolue à Toronto et Mike Feuerstack a quitté les Maritimes pour Ottawa il y a déjà belle lurette. Découlant d’un croisement parfaitement dosé entre le raffinement post-rock et la mélancolie de Snailhouse, The Field Register allonge la liste. Expliquer le déménagement de la formation de Moncton à Montréal (avec une escale à Vancouver!) par le développement très avancé de notre scène post-rock serait par contre sauter aux conclusions trop rapidement.

"Au départ, nous sommes arrivés ici pour des raisons scolaires", avoue dans un français parfait le multi-instrumentiste acadien Jeannot Boudreau, qui a fait des études en littérature anglaise à Concordia. "Montréal est aussi une ville bilingue, ce qui facilitait notre intégration." Le guitariste Kees Dekker renchérit: "C’est sûr qu’en grandissant à Moncton, tu peux te sentir à part du reste du pays. Certaines personnes vont alors quitter vers une plus grosse ville pour y profiter des différentes scènes, mais je crois que nous aurions facilement pu rester au Nouveau-Brunswick. Il est facile d’y faire de la musique et d’y produire des albums."

En fait, on sent même une certaine nostalgie chez ces nouveaux Montréalais. La pièce-titre de leur compact Eastern Shore nous glisse dans la grisaille mentale d’un passager du Belleisle Bay Ferry, une traverse d’environ un kilomètre non loin de Fredericton. Le logo de leur propre étiquette de disques, Ships at Night (un voilier voguant sous une immense pleine lune), réfère aussi aux Maritimes et à l’océan Atlantique. "La proximité de la mer est ce qui me manque le plus à Montréal", réfléchit Boudreau.

Toutefois, il suffit simplement de causer musique avec les deux hommes pour que cette légère amertume se tire en moins de deux, faisant place à l’excitation et la détermination. À preuve, le quintette brille par ses activités: il possède son studio d’enregistrement; la pianiste Rebecca Silverberg prépare un projet solo; quelques membres évoluent aussi avec The Besnard Lakes; et The Field Register reste, quant à lui, en constante évolution. "Notre ancienne formation (Feint) misait surtout sur l’improvisation sonore planante. Avec The Field Register, nous avons appris à y inclure des voix et à composer des pièces proposant un début et une fin. Nous voulons maintenant mélanger convenablement les deux approches." Le meilleur des deux mondes, quoi.

Le 24 février
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