Bombs Over Providence : Obus de bon sens
Musique

Bombs Over Providence : Obus de bon sens

Difficile de dire pourquoi Brampton. Mais la petite ville tout juste à l’ouest de Toronto est le berceau de plusieurs groupes qui ne cessent de faire parler d’eux, tels Moneen et The End. C’est aussi là qu’est fabriqué Bombs Over Providence. Parés au largage?

Aux abris! Ou plutôt, si vous êtes de leur côté, joignez les rangs! Car le quatuor punk, formé en 1999 par des camarades d’école secondaire, est politisé, sensible aux questions sociales et veut changer les choses. "Aucune forme de changement, aussi constructive et bien intentionnée soit-elle, ne peut être perçue autrement que comme un assaut contre l’ordre existant. L’état actuel des choses constitue l’idéal de quelqu’un, quelque part, de sorte que toute tentative d’altération, même pour le mieux, sera considérée comme destructrice, équivalente à lâcher des bombes sur la providence…" peut-on lire dans le manifeste du groupe. C’est donc dans un combat de longue haleine que s’investissent Adam Cook (basse, voix), Shawn Dickey (guitare), Mike Smythe (guitare) et Chris Corless (batterie). Mais comme cela est proclamé sur la pièce I’ve Got Your Revolution Right Here, Wiseass: "We can be more, I swear!" (Nous pouvons être plus, je le jure!).

Armé d’un punk-rock décapant aux riffs de guitare étonnamment créatifs tant sur le plan rythmique que mélodique, le groupe mise sur une complémentarité inter-instrumentale tout aussi inventive. "Ce qu’on essaie de faire en écrivant notre musique, c’est du moins de la rendre intéressante", explique Cook, à quelques heures du coup d’envoi, à Toronto, d’une série de concerts avec Flashlight Brown. "On veut créer quelque chose qui capte et maintienne l’attention de l’auditeur. Alors ce qu’on aime bien, c’est de faire jouer quelque chose de différent à chaque instrument, en même temps (rires)! Il y a tellement de bons groupes partout qui font quelque chose d’intéressant et de nouveau que si tu souhaites atteindre leur niveau et jouer avec eux, tu dois tout faire pour te démarquer", poursuit-il, annonçant que le premier long-jeu du groupe (qui a deux EP à son actif) paraîtra d’ici six mois sur l’étiquette Underground Operations.

Conciliant satire, idéalisme et appel à l’action, le groupe parvient à élaborer un discours réfléchi mais exempt de lourdeur excessive. Cook cause allègrement des travers du pouvoir, de la politique-showbiz, de la concentration des médias, des erreurs de l’Histoire dont on n’apprend rien du tout, des limites de la démocratie… "Je n’apprécie pas particulièrement la manière dont la démocratie est appliquée, car je ne crois pas que cela fonctionne. Je pense que ça nous laisse avec un groupe spécifique de personnes partageant le même genre de valeurs et qui sont continuellement favorisées. C’est la tyrannie de la majorité… Alors qu’est-ce qu’on fait? Parce que je ne suis pas trop à l’aise avec l’idée de me fixer une bombe à la poitrine et d’entrer au parlement (rires)… Mais je crois qu’il se passe plein de belles choses avec les activistes; il y a beaucoup de théâtre de guérilla (exemple: catapultage d’oursons en peluche) et des gens fabuleux comme Jaggi Singh, qui a été extraordinaire lors du Sommet des Amériques à Québec; c’est le genre de choses qui font réfléchir les gens. Je crois qu’il faut maintenir un peu d’humour dans tout ça et c’est ce qu’on essaie de faire dans nos textes…"

Le 26 février à 17h, avec Flashlight Brown et The Pretty Nothings
Au Babylon
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