Metric : Beauté nomade
Intimement lié aux formations ontariennes Broken Social Scene et Stars, Metric vit le même type d’effervescence. Associés aux scènes de Toronto et Montréal sans pour autant se distancier des États-Unis, ces groupes ont émergé du milieu indépendant, devenant les nouveaux espoirs de la musique alternative canadienne. Paru l’an passé, l’album Old World Underground, Where Are You Now? de Metric a de quoi faire tourner bien des têtes. Offrant presque une synthèse des courants féminins des années 90 (de Cat Power aux Breeders, en passant par Frente!), les compositions gardent tout de même une nette fraîcheur redevable aux arrangements plus tendance new wave, mais aussi à la voix de la chanteuse Emily Haines qui, de surcroît, a une gueule à séduire bien des cœurs.
"Vous allez être déçus à Montréal, j’ai pris 110 livres depuis notre dernier passage chez vous et j’ai en ce moment un énorme bouton juste sur le bord de la bouche", blague Emily en pleine tournée américaine sur la route d’Orlando.
Voilà qui serait surprenant puisque depuis son concert au dernier Pop Montréal, le quatuor nous rend visite presque tous les mois. À tout coup, le même scénario: Emily brille par son attitude et sa terrible présence scénique. "Au départ, lorsque venait le temps d’enregistrer et de jouer sur scène, j’avais tendance à me fondre dans le groupe. Mais ça devenait ennuyeux à la fois pour le public et pour nous-mêmes. Je me suis alors botté les fesses afin d’être plus brave, plus créatrice et de prendre ainsi plus de place."
Nomade, cette Emily. Alors qu’une partie de l’album fut composée ici lorsqu’elle étudiait à l’Université Concordia en électroacoustique, elle a vécu également à Toronto, New York et s’est récemment installée à Los Angeles. En découle un réseau d’amis bien garni. Exemple, Haines (aussi membre de Broken Social Scene) partagea le même loft que Karen O des Yeah Yeah Yeah’s. "J’ai de la famille et des amis un peu partout, mais vivre éparpillés comme nous le faisons n’est pas toujours un plus pour le groupe. Nous nous retrouvons tellement impliqués sur différents fronts que, finalement, nous ne le sommes vraiment nulle part. Nous participons à quelques communautés musicales, mais j’ai l’impression qu’aucune n’est vraiment la nôtre."
La force de caractère de la jeune femme reste palpable. Sa détermination puise son inspiration entre autres chez son mentor, la chanteuse jazz avant-gardiste Carla Bley. Bley est reconnue pour son opéra jazz de 110 minutes, Escalator Over the Hill, lancé au début des années 70. Elle y chantait les textes du poète Paul Haines, père d’Emily. "Mon père écrivait les textes de l’opéra au moment de ma naissance. Nous vivions en Inde à cette époque. Carla en a écrit la musique. Par son travail et son attitude, elle a toujours défié le milieu jazz féminin, refusant d’être enfermée dans ses diverses catégories. Même sa coupe de cheveux me fascine."
Le 3 mars
À la Sala Rossa