Mononc' Serge : Satan, profession: en-saignant
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Mononc’ Serge : Satan, profession: en-saignant

Dans un paysage halloweenesque, un mononc dément devenu prêtre Serge fait la morale à quatre écoliers anonymes et indisciplinables. L’association est macabre, le ton festif, les propos insolents et le son à la limite du tolérable. Bienvenue à l’Académie du Massacre. Vade retro Satanas! Entretien avec l’unique enseignant, MONONC’ SERGE.

Pourquoi une collaboration avec Anonymus?

"Simple, j’ai rencontré Anonymus au festival Polliwog en 2001. L’idée de départ était très modeste: pas un greatest hits, plutôt défigurer mes vieilles tounes et les enregistrer one take avec fond de métal. En s’étendant sur deux ans, disons que le projet a pris un peu plus d’ampleur; j’en avais le goût."

Pourtant, n’est-ce pas à 15 ans qu’on "trippe heavy"?
"Je le sais bien. Adolescent, j’en écoutais aussi. Un petit nerd qui écoutait Iron Maiden; ce n’est pas rebelle, c’est quétaine. En même temps, je crois que l’Académie fait partie de ce qu’on peu appeler mon évolution puisque j’avais soudainement un son plus rock. Et, avec des succès comme Marijuana, c’était de mise. Chose certaine, il n’est pas question que je continue dans le heavy après ce projet. Je ne suis pas un vrai "pouèl" comme Anonymus. Je l’ai jamais été."

Tes chansons engagées n’auraient-elles pas une meilleure portée en étant plus accessibles?
"C’est vrai qu’en show avec Anonymus, après quelques minutes, on n’entend sûrement plus mes paroles. À vrai dire, ce n’est pas important, je ne sais même pas si mes chansons sont de l’ordre de l’opinion. Je pense plus qu’elles sont de l’ordre du délire. On dit de moi que je suis engagé mais je n’ai pas de message humanitaire. Des fois, ça traite d’actualité. Ce sont des "bad trips" qui me passent. Par exemple, on me demande mon opinion sur Star Académie, je réponds simplement que je m’en calisse; ça ne fait pas partie de ma vie. Depuis déjà longtemps, je ne consomme même plus de médias."

Tu n’as pas d’opinion sur l’industrie qui te fait vivre?
"Bof. On blâme beaucoup l’industrie et les médias contre le manque de succès de l’alternatif, du heavy ou du hip-hop au bénéfice du bonbon mais dans le fond, on s’y attaque pour rien puisque ce n’est ni le même marché, ni le même public. Je verrais mal la grand-mère qui écoute Star Académie acheter un disque de Anonymus. Puis les gens sont pas tous des cons, il y a peut-être quelque chose de bon à aller chercher là-dedans."

Mononc’ Serge retourne au heavy et cherche du bon dans le bonbon. Éternelle crise d’adolescence?
"Bah non! Je l’ai dit: je fais dans le délire."

Mais ce n’est pas une question de survie ces histoires d’industrie?
"Moi, je suis auto-producteur alors lorsque j’atteint mon break even, je suis déjà heureux. On est rendu à 6000 copies vendues de l’Académie… c’est loin de Don Juan mais ça fait plus que mes frais. Je le répète: celui qui achète le disque de Don Juan n’achèterait sûrement pas le mien de toute façon. C’est pas une question de diffusion, c’est une question de goût."

Le 2 mars
À la Boîte à chansons

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L’Académie du Massacre
Mononc’ Serge et Anonymus, 2003