Peru Negro : L’âme noire du Pérou
Depuis que sa version de Toro Mata est devenue l’équivalent de l’hymne national dans la capitale, Lima, le groupe Peru Negro est reconnu là-bas comme une institution d’utilité publique. Mais c’est loin, le Pérou… Et la légendaire troupe, qui nous visite enfin pour la première fois, profitera de l’occasion pour faire la promotion de son petit nouveau Jolgorio, un terme qui signifie "réjouissance" en espagnol et qui perpétue sans équivoque l’esprit des fêtes païennes des esclaves libérés du colonialisme.
"Il y a quelques gravures d’époque reproduites dans le livret du nouveau disque et qui témoignent de la présence du tambour et même de la harpe dans les festivités du carnaval nègre au début du 19e siècle." Juan Morillo, qui me parle depuis les États-Unis, est un homme placide et cultivé qui connaît bien l’histoire et la vie tropicale. Directeur artistique, il roule sa bosse avec Peru Negro depuis longtemps et en assure la pérennité depuis le décès, il y a deux ans, de Ronaldo Campos de la Colina. Campos, un génial percussionniste de restaurant à touristes, s’était donné pour objectif, à l’instar de l’autre leader noir Santa Cruz, de réhabiliter l’héritage culturel africain à l’intérieur des frontières péruviennes. Juste 400 ou 500 ans de folklore et de traditions occultés par l’hégémonie espagnole.
La disparition d’un tel meneur aurait-elle remis en question l’avenir de la troupe?
"Cela n’a jamais été une option, m’explique calmement Morillo. Ronaldo avait plus de 70 ans et ne jouait plus avec la troupe, même s’il encadrait les chorégraphies de manière très active. Et puis ses enfants ont repris le collier. Une dizaine des membres de la troupe sont de sa famille immédiate ou élargie. Quant à Rony junior, c’est le leader actuel du groupe."
Rony le maestro, d’après la pochette, joue de la bonne vieille cloche à vache, mais aussi du djembé, du cajón, du bongo, du bata iyá et également du quinto, de la cajita, et de la quijada! Autant de sonorités exotiques pour enrichir notre vocabulaire rythmique et nos oreilles avec une musique enjouée, essentiellement percussive. Ces ambassadeurs de la culture afro-péruvienne sont 20 sur scène, à marteler leur très contagieux festaja, à chanter le lando (un blues ancien), et à exécuter l’Alcatraz – une danse de séduction ultra-sensuelle pour trois couples.
Le 27 février
Au Centre Pierre-Péladeau