Gino Vannelli : Voyage au centre de l'être
Musique

Gino Vannelli : Voyage au centre de l’être

Après plus de 30 ans de carrière incluant plusieurs séjours au sommet des palmarès de la pop, le Montréalais d’origine GINO VANNELLI fait peau neuve et s’interdit tout rabâchage. Sonorités classiques et chant polyglotte sur fond d’éveil  spirituel.

Vers la fin des années 80, alors que sa carrière bat de l’aile, Gino Vannelli s’envole pour l’Amérique du Sud, où sont prévus quelques concerts et apparitions télévisées. Il ne se doute alors pas que sa vie ne sera plus jamais la même. "Lorsque nous sommes arrivés au Pérou, c’était vraiment la pagaille", se souvient-il, tout juste rentré au Québec afin d’y donner quelques spectacles. "On était en 88 ou 89 et le Sentier lumineux était sur le chemin de la guerre. Il y avait des tanks partout et le désordre régnait dans les rues, alors le reste du groupe a décidé de quitter les lieux dès le lendemain de notre arrivée…"

L’illumination
Mais Gino préfère rester. Seul, il saute dans un train et se rend dans les montagnes, près de Machu Picchu. "J’y suis resté plusieurs jours et… c’est très difficile à expliquer, parce qu’il s’agit de choses intensément personnelles, mais des choses peuvent arriver à votre tête, modifier vos perceptions, de sorte que l’esprit s’ouvre à une quantité incroyable de possibilités, incluant toutes celles concernant la vie après la mort. Alors seulement d’entrevoir cette parcelle d’éternité, c’est tout ce dont j’avais besoin. Ça a été une expérience superbe et inspirante, mais aussi terriblement effrayante; un peu comme être immergé dans un grand chaudron d’eau bouillante, sentir son corps fondre à vif jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Tout ce qui reste de toi après, c’est ton essence. C’est ce qui m’est arrivé, en gros, en haut des montagnes."

Le parcours
Le cheminement intérieur qui suivra amènera le chanteur à déménager en Oregon et à tourner la page sur son passé, à s’en libérer pour mieux avancer. "Je crois que le problème principal des gens aujourd’hui est qu’ils s’attachent aux objets, ils s’attachent aux gens, aux endroits, et parfois, comme ce fut mon cas, ils s’attachent à eux-mêmes, ou à une image d’eux-mêmes. Dès l’âge de 17 ans, j’étais sous contrat avec des compagnies de disques; j’ai fait des albums pendant toute la vingtaine et on me rappelait constamment qui j’étais, à travers les journaux, les disques, les photographies. Et tout cela a changé lorsque j’ai rencontré cette période plus creuse dans ma carrière. Ça a été très difficile pour moi; je n’arrivais pas y croire. Alors j’ai entrepris un "voyage" pour essayer de comprendre… ma propre stupidité. J’ai commencé à lire beaucoup, je suis retourné à l’école, j’ai étudié plusieurs religions, je me suis mis à rechercher des enseignants dans la veine des maîtres zen et j’ai commencé à explorer ma propre foi chrétienne…"

"Finalement, je crois que lorsque tu demandes vraiment quelque chose, que tu souhaites la vérité, il est important de prendre conscience qu’un jour, cela viendra à toi. Et tu es mieux d’y être préparé! prévient-il. Ce n’est que quelques années après tout ça que j’ai pu vraiment l’assimiler et bien comprendre ce qui s’était passé… Bien sûr, tout cet épisode dans les Andes, cela s’est produit le soir, en dehors de mon contrôle; comme si tu faisais un rêve et que celui-ci t’entraînait dans un grand voyage. Puis, lorsque tu te réveilles, tu te rends compte que tu ne rêvais pas du tout et tu es exactement là où t’a mené ce périple…"

La résurgence
Après avoir pensé ne plus jamais faire de disques et plutôt se concentrer à réaliser ceux des autres, Vannelli a repris goût à l’écriture de la musique et au chant, interpellé par de nouvelles avenues à explorer. À la suite de quelques excursions en territoire jazzé ou symphonique, et en attendant la concrétisation d’un projet avec d’anciens musiciens de Peter Gabriel, il s’amène à Trois-Rivières pour présenter quelques-uns de ses grands succès et aussi le matériel de son plus récent album, Canto (Vik/BMG, 2003). Naviguant entre pop classique et opéra, il y chante en anglais, italien, français et espagnol. "Il y a trois ou quatre ans, j’ai commencé à voir un entraîneur vocal, à pratiquer divers exercices de chant et j’ai recommencé des leçons d’orchestration; je planifiais vraiment déjà tout ça. Je voulais faire quelque chose de différent; je me suis fixé un objectif assez difficile à atteindre et j’ai travaillé très fort pour y arriver", confie-t-il, ajoutant que les phonèmes latins lui ont fait découvrir quelques dispositions vocales insoupçonnées. "Ça permet d’amplifier l’élément dramatique, d’ouvrir ta voix un peu plus", conclut celui qui sera accompagné sur scène par 11 musiciens, dont Marco Tessier (claviers), Donald Meunier (guitare) puis les ex-Uzeb Paul Brochu (batterie) et Alain Caron (basse).

Le 12 mars à 20 h
À la Salle J.-Antonio- Thompson
Voir calendrier Rock/Pop