Le Quatuor Molinari : À la mémoire de Guido

Olga Ranzenhofer est intarissable lorsqu’il s’agit d’évoquer le souvenir du peintre Guido Molinari, dont le quatuor qu’elle a formé, l’un des meilleurs au pays, a pris le nom. Mais pourquoi avoir choisi d’utiliser le nom d’un peintre pour cet ensemble de musique contemporaine? "En 1997, on formait un nouveau quatuor qui se donnait le mandat de faire la musique du 20e siècle, et du 21e, encore à venir à ce moment-là, et on cherchait un nom représentatif de ce mandat d’avant-garde et de vision tournée vers l’avenir. On a pensé à Molinari, qui a été à l’avant-garde de l’art visuel pendant plus de 40 ans, qui est un Montréalais, qui adore la musique moderne et qui est aussi quelqu’un qui a toujours été à la recherche de la beauté. Alors je lui ai écrit, je suis allée le rencontrer, puis ç’a été le coup de foudre, comme si on s’était toujours connus. J’étais un peu gênée de rencontrer un tel artiste, mais tout s’est passé très facilement. Il m’a ouvert son atelier, m’a montré ses œuvres. C’était fascinant parce qu’il parlait de ses toiles en termes musicaux, parlant de séries, de hauteurs et de rythmes, alors que de mon côté, j’utilise beaucoup, pour parler de musique, un langage emprunté aux arts visuels, évoquant les couleurs, les textures, etc. Il voulait ouvrir son atelier au public, alors nous avons lancé la série des Dialogues à l’atelier, autour des programmes de nos concerts. Il était le président de notre conseil d’administration, c’est lui qui a créé notre logo et on puisait dans son "répertoire" pour orner nos pochettes de disques. En fait, tous les aspects visuels de notre travail, dépliants de saison ou costumes de scène, lui doivent quelque chose. On pourrait dire que nous avons fusionné avec lui! Il avait une grande curiosité et une capacité d’émerveillement encore toute fraîche, comme chez les enfants. Pour nous, ç’a été une rencontre extraordinaire, un privilège."

Le Quatuor Molinari a rapidement acquis une reconnaissance internationale. Il est le seul ensemble à avoir enregistré les huit quatuors du R. Murray Schafer, ayant d’ailleurs créé les deux derniers. À l’automne 2005, c’est l’intégrale des quatuors de Bartók qui s’ajoutera à un répertoire déjà bien garni. Le Quatuor avait déjà programmé un concert intitulé Hommage à Guido Molinari le 27 mai prochain. "Nous conserverons ce programme tel que prévu, me dit Olga Ranzenhofer. Nous avions choisi ce titre parce que nous y interpréterons Blanc dominant, d’Ana Sokolovic. Ç’a été la première commande du Quatuor et elle est inspirée d’une œuvre de Molinari. Le concert de ce vendredi 5 mars sera dédié à sa mémoire. Le programme est tel que nous l’avions déjà prévu, avec un ajout: un documentaire radiophonique de Radio-Canada, In Memoria: hommage à Guido Molinari, sera diffusé avant le concert." Le programme du concert Le Jour et la Nuit fera entendre des œuvres de Gilles Tremblay (Croissant, 2001), Giya Kancheli (Night Prayers, 1994) et Béla Bartók (Quatuor no 5, 1934).

Le 5 mars à 20 h
À la Salle Redpath de l’Université McGill, (514) 527-5515