Moya Brennan : Deux Horizons
Dès le premier souffle, dès le premier mot, la voix de MOYA BRENNAN vous donne le sentiment de vous élever spirituellement. La magnifique chanteuse du groupe irlandais Clannad propose, sur son dernier album solo, un voyage qui est à la fois une sorte de retour aux sources et une quête mystique.
Dans son autobiographie parue en l’an 2000, The Other Side of the Rainbow, la musicienne parle du lent travail de transformation intérieure: "Cela parle d’une époque où je portais un masque, où je n’étais pas heureuse, où je fuyais dans l’alcool, dans les drogues. Puis j’ai découvert la dimension spirituelle. L’Amour est au centre de tout. Vous devez nourrir votre être intérieur. Les gens des pays occidentaux sont souvent effrayés face à ces mots, parce que le christianisme a été très étouffant." La musicienne parle du lieu qui a inspiré la création de son dernier disque Two Horizons, qui s’inscrit dans le même esprit: "Je me suis rendue à Tara, au nord de Dublin. C’est un lieu qui appelle les rassemblements et qui représente bien la musique celtique, qui naît de la terre. Là-bas, je pouvais voir des milles à la ronde. À ma droite, la lune, à ma gauche, le soleil." L’album, à travers la célébration de la harpe celtique, représente une quête initiatique: "L’ensemble des chansons repose sur une fiction qui relate le périple d’une musicienne devant retracer une harpe initialement conçue à Tara et la ramener à son lieu d’origine." Two Horizons apparaît donc comme un disque-concept, avec un fil conducteur, mais Brennan cherche à garder le tout le plus ouvert possible: "Ce que je suggère à l’auditeur, ce n’est qu’une image, qu’un tableau. Je veux qu’il fasse partie intégrante de la pièce, que celle-ci s’ancre profondément dans son corps et dans son esprit. Avec la harpe, j’ai essayé de produire des couleurs, des nuances." Il faut écouter Ancient Town où l’instrument occupe une place centrale. "Cette chanson évoque la famine à la fin du 19e siècle, une époque où l’on devait échanger la harpe contre des vivres pour survivre."
Sur Two Horizons, Moya Brennan est entourée d’un géant de la musique traditionnelle, Martin Carthy, du guitariste Robbie McIntosh (The Pretenders, Paul McCartney), d’Anto Drennan (qui travaille maintenant avec The Corrs) et de plusieurs complices comme la superbe violoniste Maire Breatnach. Le disque a été réalisé par Ross Cullum. La chanteuse accorde le crédit à ce dernier d’être parvenu à faire entendre sa voix comme jamais auparavant. Il a aussi contribué à donner un aspect plus rythmique, plus contemporain aux chansons. Brennan se sent aussi tout à fait à l’aise avec l’équilibre atteint entre les instruments acoustiques traditionnels et l’électronique (la programmation). "La musique celtique, avance-t-elle, ne peut progresser que par l’expérimentation." C’est la chanteuse qui crée toutes les voix d’harmonie: "Quand ma sœur Enya et moi interprétions des chansons en gaélique, nous trouvions que nos voix s’harmonisaient bien ensemble. C’est quelque chose que nous avons développé il y a de cela des années."
Une tournée nord-américaine amène ainsi Moya Brennan à Montréal au Cabaret du Plateau. "En concert, précise-t-elle, j’aime pouvoir donner à ma musique une sonorité ample. Malheureusement, je n’ai pas mon groupe au complet. Cependant, j’ai avec moi, pour cette série de concerts, un joueur de harpe." Une occasion en or de renouer avec la musique celtique en allant écouter l’une de ses interprètes essentielles.
Le 5 mars
Au Cabaret du Plateau
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