Châkidor : Le chat sort du sac
Chat croisé de la culture folk, bluegrass et country, Châkidor erre sans identité aux quatre coins du monde avec toute l’indépendance de la félinité. Contrairement au dicton, lorsque le chat est là, les souris dansent. Et Châkidor n’en fera qu’une bouchée…
D’une énergie de ginseng et d’une solidité professionnelle qui le déclasse de la relève, Châkidor demeure pourtant un groupe peu connu. Avec déjà trois albums en banque et cinq ans de complicité, le duo André Varin et Valérie Pichon sort peu à peu de son sac et prouve encore une fois que nul n’est prophète dans son pays. Multipliant les tournées en France, en Allemagne, en Autriche et prochainement à Taiwan, les deux membres fondateurs, originaires respectivement de l’Outaouais et de l’Abitibi, dépaysent leur public, tout en souhaitant se sortir du créneau traditionnel. "On veut se faire reconnaître comme de la musique originale. Faire découvrir au monde le violon dans des styles différents que le classique. Nous n’avons pas d’identité si ce n’est que celle de Châkidor puisque nos couleurs viennent de partout, revendique l’auteur-compositeur, guitariste et chanteur André Varin. Je suis un musicien autodidacte alors que Valérie a une formation classique. Dès le départ ça a créé une ambiance bien loin des reels standards."
Même si son précédent album Monde, commandé par les Français, offrait un petit bout de racine à l’Ancien Monde, c’est avec son plus récent Exil que Châkidor désire se délier d’influences trop pures. Loin d’inspirer le décor d’antan comme dans une pub de téléphone à poche, le duo fauve et folk se renouvelle d’inspirations éclectiques. "Lors de spectacles dans les festivals de folklore ou de culture du monde, on vit des moments enflammants. Je me rappelle avoir joué, moi le petit Québécois, un classique tout à fait américain de John Denver avec un guitariste vietnamien. Ça paraît surréaliste. Aussi, j’ai jammé avec des musiciens et des instruments mongols. Nous ne pouvions même pas nous parler mais nous créions une expérience incomparable. Non seulement ça aide à tisser des liens et faire découvrir des cultures, mais ça contribue aussi à l’amalgame des genres. Pourquoi faudrait-il absolument tomber dans un moule musical précis lorsqu’on se dit artiste? C’est malheureusement souvent ça le cliché de la supposée industrie", avoue le chanteur en réitérant que l’intégration de ces influences créent l’essence même du groupe. Châkidor se dit certes unique mais au-delà des sonorités, le groupe sait charmer le public par une chaleur à la médiane entre la cabane à sucre et les plages dorées. D’un ronronnement festif, oserez-vous "réveiller le chat qui dort"?
Le 12 mars
À la Quatrième salle du CNA
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