Rencontre Liars : Mensonges et sorcellerie

Enregistré au beau milieu d’une forêt du New Jersey dans une maison que le Liar Angus Andrew s’est achetée avec sa copine Karen O (oui, oui, Miss Yeah Yeah Yeah’s en personne), They Were Wrong So We Drowned appartient au monde de l’étrange et de l’inexplicable. Avec un titre puisant directement dans les multiples chasses aux sorcières, le deuxième album des Liars s’abreuve de légendes et de magie noire.

Au téléphone avec un autre membre de la formation, Aaron Hemphill, on meurt d’envie de lui causer de l’épisode final de Grande Ourse! "L’idée de départ n’était pas de s’installer en forêt et de vivre une sorte de Blair Witch Project, raconte-t-il. Nous allions dans la maison d’Angus afin de sauver sur les coûts de production. Nous n’avions aucune chanson d’écrite et nous voulions prendre le temps de composer tout en enregistrant. Ce n’est que par hasard que nous sommes tombés plus tard sur une légende de sorcière allemande, l’histoire des montagnes Brocken."

Selon la fable, afin d’éviter que les harpies ne les embêtent la nuit tombée, les paysans se regroupaient pour des rituels bruyants au pouvoir de répulsion. À entendre leur rock bizarroïde, expérimental à la Sonic Youth et pétrochimique (expression empruntée aux Georges Leningrad), on se demande alors quel rôle jouent les Liars. Les victimes tapageuses ou les démons incantatoires? "Je préfère nettement être une victime. Les émotions vécues y sont beaucoup plus fortes: la peur, la peine, l’inquiétude. C’est du moins cette frénésie que nous voulions reproduire sur compact. Nous ne sommes pas des sorciers ou des gothiques." Toujours pour se glisser dans la peau de la proie, les Liars y sont même allés de quelques balades nocturnes en forêt. "Nous voulions générer notre propre crainte. C’est comme si je te disais de regarder tel film pour son côté épeurant. Ton cerveau se prédisposerait, et tu regarderais le long-métrage en souhaitant avoir la trouille. Nous recherchions cette prédisposition."

Le résultat est des plus étranges. Exploitant toujours un punk-dance lo-fi déglingué qui a fait la réputation du trio en 2001 avec la parution de They Threw Us All in a Trench and Stuck a Monument on Top, ce deuxième compact s’avère moins accessible par son côté plus sombre et hypnotique. Pleine lune, crapauds et balais volants, vous avez rendez-vous au Cabaret Music-Hall…

Le 16 mars
Au Cabaret Music-Hall
Voir calendrier Rock / Pop