Caroline Néron : Trop belle pour toi
Le pari était osé: passer de l’écran à la soul, puis de la soul à la scène. Le pari était osé mais la fille a du culot. Cherchez CAROLINE NÉRON, trouvez l’âme.Blondes ambitions d’une madone nouveau genre.
C’est le regard pénétrant, la mèche claire, les gestes, décidés, de ceux qui sont francs, et les mains, jolies et qui s’envolent comme celles d’un musicien, que l’actrice et chanteuse parle de son album, et de la scène, qu’elle vient de découvrir.
Dans la chanson Prise entre deux feux, écrite par Patrick Huard et que l’on trouve sur le premier album, éponyme, de la belle, elle chante: "Prise entre nous deux / J’ai peur que mes ailes se referment un peu / Prise entre deux feux / Si je te disais que je m’ennuie / Du temps où je pouvais rêver ma vie". Bien sûr, c’est d’une relation amoureuse et des doutes qu’elle fait naître dont il est ici question… Mais quelle métaphore aussi du parcours de Caroline Néron, entre jeu et notes, entre l’écran et la scène. Au fait, pourquoi la musique? "C’était un rêve de jeunesse, répond-elle spontanément; mais j’ai été longtemps complexée de ma voix. J’ai gardé ce rêve de chanter pour moi, je l’ai mis de côté. Quant à la musique, elle a toujours été très présente chez moi. La musique a pris, peu à peu, de plus en plus de place; je m’y consacre pleinement. Pour moi, c’est insensé de n’avoir qu’un rêve dans la vie et de s’y limiter… Le jeu et la musique, pour moi, se complètent bien, naturellement."
Lali-lala, lali-lala la liberté d’expression
Comme de nombreux esprits créatifs, l’expression revêt une importance fondamentale pour la comédienne-chanteuse: "J’aime créer, j’aime m’exprimer. J’ai besoin de ça. Mais, tant qu’à faire de la musique, je voulais vraiment un projet qui répondrait à ce que je suis. J’ai attendu longtemps. J’ai commencé à 17 ans, en cachette, à prendre des cours de chant. L’inconnu fait peur. Aller au bout de ses rêves est quelque chose de terrifiant. Mais se retenir, c’est ouvrir la porte aux remords. Chanter, je n’aurais jamais pu le faire il y a six ans. Il faut aller au bout de ses rêves. La décision a été mûrie."
Et pour "exprimer", elle a choisit d’intéressants auteurs: Patrick Huard, Eric Lapointe, Roger Tabra, Papillon… "C’était important pour moi de trouver des gens qui comprennent mes idées. Les chansons C’est juste d’l’amour et Qu’est-ce que t’attends? (qui sont les deux premiers extraits de l’album), je les ai écrites en collaboration avec Marie-Jo Morin, une amie et animatrice radiophonique. Pour d’autres, comme Patrick Huard, j’ai passé du temps avec les auteurs afin qu’ils sachent ce qu’ils saisissent avec justesse ce que j’avais à dire…"
La création ne suppose pas nécessairement de ne pas garder la tête froide. On le dit peu, mais Caroline Néron a étudié en administration, à l’Université McGill, durant deux ans: "Je trouvais important d’avoir une base de ce côté-là. Pour moi, c’était relié aussi à mon travail. Si je veux faire de l’art toute ma vie, il faut je sache gérer adéquatement ce que je fais et la façon dont je le fais. Et puis, ça me permettait d’apprendre une seconde langue! Je voulais pouvoir m’éclater, voyager, pouvoir travailler éventuellement en anglais. "
Sois belle et chante-toi
La beauté est un don. Caroline Néron l’a… Le sujet, en sa présence, est difficile à éluder; sans doute un peu prisonnière de ce type de question, dans la chanson On en pleure, écrite par Éliane Marcaurelle – et sans aucun doute l’une des plus intéressante de l’album -, elle soupire: "Enfin plus besoin de maquillage": "C’est un bonus, plus qu’un don, corrige-t-elle. Ça devient un don si c’est bien utilisé. Je sais que je n’ai pas basé ma carrière là-dessus. J’en ai vu dans la vie de belles personnes complètement vides, qui ne m’inspiraient pas du tout. En fait, l’image que je projette m’a souvent nuit. Il faut se battre deux fois plus, prouver que l’on est aussi intelligente. Mais m’en faire avec la beauté, ce serait d’une telle futilité… d’autant que la beauté fuit…" Avoir de la substance permet aussi de s’assumer: "Et mon entourage reflète aussi celle que je suis. Je m’attire pas, en général, de gens superficiels."
Rock, haine, rôles
Sa relation avec Pascal Dufour, guitariste des Respectables, son Pygmalion avec lequel elle formait jusqu’à tout dernièrement un couple-culte au Québec, et la participation importante de celui-ci à l’album, ont contribué à renforcer l’idée d’un album rock, alors qu’il n’en est rien: "On était certain que je ferai un album rock, alors que mes racines sont plutôt du côté du soul. Aretha Franklin, James Brown, Lauryn Hill, Mary J Blige. Mes parents en écoutaient beaucoup, nous dansions souvent à la maison… C’est un feeling que j’aime…"
Une scène ambition
Quand elle se présentera samedi sur les planches de l’Auditorium Dufour, Caroline Néron n’en sera qu’à une dizaine de spectacles dans sa courte vie de chanteuse: " J’a-do-re cela. En fait, la scène – comme la télé ou le cinéma – laisse aussi le droit à l’erreur, contrairement à ce que l’on croit. La différence, c’est qu’il faut apprendre à l’assumer. On peut être bien avec ses erreurs sur scène. " La spontanéité, comme les erreurs, est aussi une façon de rendre à un spectacle sa dimension humaine: "Plus le temps passe, plus je m’éclate, plus j’essaie, plus j’ose. Notamment, je veux apprivoiser le sens du timing. Mais déjà, je me sens bien sur scène. Et c’est beaucoup."
Caroline Néron
(Diffusion YFB)
2004
Le 20 mars
Auditorium Dufour
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