Daniel Grenier : L'homme qui voulait être lui
Musique

Daniel Grenier : L’homme qui voulait être lui

"On est dans l’Far Ouest / J’arrive à peine à contrôler un ch’val en bois / J’vas travailler plus fort pour gosser mon aura". L’homme qui a écrit ce couplet-là n’est donc pas un cow-boy fringant. Pourtant, cet ex-Chick’n Swell mange du rock cru et du country à profusion, comme le démontrent les 11 chansons de son premier album fraîchement pressé. Un disque intimiste, paresseux, écorché… et finalement attachant.

Daniel Grenier avait deux rêves dans sa vie: avoir une émission d’humour absurde – ce qu’il a accompli pendant 15 ans à Radio-Canada – et enregistrer un album – ce qui est chose faite à présent avec la sortie imminente chez La Tribu de son premier album de chansons comme auteur-compositeur-interprète. Tous les aspects de la création le font triper.

"J’ai juste besoin de créer. C’est comme quand tu fais la cuisine, pis tu fais la vaisselle aussi. J’ai d’abord eu besoin de créer de l’humour. Maintenant, j’ai le même message sauf que j ai enlevé mon nez de clown. C’est la même chose, c’est le même gars."

Mais Daniel n’est pas tout seul sur scène. Comme sur le disque, il est flanqué de son groupe maison Les Guerriers de la lumière. Ce nom inspiré du livre de Paulo Coelho désigne les valeureux frères Gaulin (Patrick et Francis, respectivement guitare et batterie) et sa petite fée Mara Tremblay qui vient prêter main-forte à la basse, à la mandoline et au violon, tout en donnant du cœur et de la voix. "Les quatre, on a participé aux arrangements, affirme fièrement Daniel: c’était la liberté totale. Ça a donné une belle énergie forte qu’on pousse tous vers l’avant. C’est comme une thérapie."

"Casté" à la dernière minute par son vieil ami, le réalisateur Robin Aubert, qui avait déjà réalisé un clip superbe pour Le Bateau de la même Mara, Daniel a joué l’amant mystérieux de la chanteuse dans La Chinoise. Ils sont tout simplement tombés amoureux sous l’œil des caméras à force de s’embrasser et vivent aujourd’hui avec un bébé garçon de 18 mois. C’est ce qu’on appelle "arrangé avec le gars des vues". Sauf que le bonheur sans histoire des artisans sans glamour, la presse à potins en parle moins.

"Ce qui me touche, c’est la simplicité, dit Daniel. Une fleur, c’est beau. Pas besoin de superflu. Les chansons du disque sont des choses que j’ai vécues. Des sujets intimes, des émotions qu’on essaie de rendre."

En tout cas, Grenier a ce grand mérite de ne jamais se prendre pour un autre. Il faisait son petit album tout seul dans son coin lorsque les gens de La Tribu ont embarqué dans le projet ("Ce n’est pas tout le monde qui comprend la simplicité volontaire", précise-t-il). Et il s’esclaffe aujourd’hui lorsque son gérant de frère le décrit dans sa bio comme "souffrant de personnalités multiples". Daniel Grenier pense n’avoir qu’une personnalité, dans le fond. Plutôt celle du gars dans la chanson Chu ben qui a de la difficulté à faire le ménage dans l’appartement lorsqu’il revient d’un mois de voyage en Inde avec son sac à dos et qu’il déguste le silence tout bête.

"Chaque fois que je me sens bizarre, il faut que je prenne ma guitare. Il faut que je m’en sorte, que j’aille vers la lumière. C’est un moyen de me faire du bien. Et ça marche. Je gosse, puis, à un moment donné, ça sort. J’aime ça, me laisser inspirer par le moment pour donner quelque chose aux gens, si ça peut leur faire du bien."

Daniel Grenier et les guerriers de la lumière
(La Tribu)