Juan Carlos Caceres : La leçon de tango
Après plus de 35 années d’exil à Paris, Juan Carlos Caceres connaît enfin le succès dans son pays natal. Une reconnaissance tardive pour celui qu’on surnomme l’anthropologue du tango et qui serait attribuable à la jeune génération. "Il y a longtemps eu des vieux qui défendaient une sorte de fonds de commerce du tango, explique-t-il, d’une musique dont ils niaient certaines origines pour des raisons sociopolitiques, puisqu’ils niaient aussi l’héritage d’esclavage et de négritude qui est à l’origine des métissages musicaux en Argentine. Avec les jeunes, je n’ai plus besoin d’expliquer ce que je fais, d’autant plus qu’ils sont très nombreux à s’intéresser à la musique de carnaval qui est à la base de certains aspects du tango que je défends."
Bien qu’il joue depuis déjà un moment au pédagogue, exhumant les fondations de cette musique pour les exposer à un public souvent plus familier avec ses mélodies languides et affectées qu’avec ses rythmiques d’origine festive, Caceres, mais surtout sa carrière musicale, ne se résume pas qu’au tango. Ainsi, au moment même où il assiste à la publication de ses plus récents titres en Argentine, y retournant désormais sur une base régulière, l’infatigable musicien songe à rassembler 40 années d’expérimentations musicales sur disque: "Ça ne fait qu’une quinzaine d’années que je fais ma propre musique, rappelle-t-il. J’ai beaucoup joué de jazz et de musique classique, j’ai donné d’innombrables concerts avec presque autant de formations différentes, alors je suis présentement à rassembler les enregistrements live provenant de toutes ces époques afin de les éditer. C’est tout un travail", insiste-t-il en riant à gorge déployée.
Mais s’il se penche désormais sur sa propre histoire et se fait enfin entendre chez lui, Caceres n’en a pas pour autant terminé avec sa mission d’éducation. En spectacle sur les deux rives de Québec, lors de son passage prochain, il promet d’ailleurs de reprendre la leçon: "Je suis déjà venu donner ce spectacle au Petit Champlain [une performance renversante où le musicien remonte jusqu’aux origines du tango en exposant l’alchimie musicale qui en a découlé au fil des époques, puis comment le révisionnisme des dictatures l’a épuré], alors celui que je ferai là, accompagné de deux musiciens cette fois, sera certainement différent. Par ailleurs, conclut-il, puisque je jouerai aussi à Lévis et qu’ils [les Lévisiens] n’ont jusqu’ici pas bénéficié de ce "cours", je le redonnerai volontiers…"
Les 25 et 26 mars à 20 h
Au Théâtre Petit Champlain/Maison de la Chanson
Le 27 mars à 20 h
À l’Anglicane
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