Rencontre Black Heart Procession : Lueurs pour les cours noirs
Habitué d’offrir un folk flegmatique et langoureux, Black Heart Procession a surpris son public et la critique lors de la parution, en octobre 2002, de son quatrième disque, Amore Del Tropico. Pall Jenkins, tête pensante du groupe avec Tobias Nathaniel, livre ses commentaires sur les événements entourant cette transition.
"Nous avons simplement ouvert les rideaux pour laisser entrer un peu de lumière", lance le guitariste sur un ton placide. "Cloîtrés dans notre studio, nous avions auparavant l’habitude d’écrire et d’enregistrer nos chansons surtout en fin de soirée, sans lumière naturelle. C’était une manière pour nous de fuir notre environnement. Nous apprécions de vivre à San Diego mais disons que la vie californienne n’a pas que du bon!" Bordée par le Pacifique, à proximité de la frontière mexicaine et du désert, la ville elle-même n’offre peut-être pas tous les attraits pour susciter l’inspiration, mais l’environnement et la culture mexicaine attisent les sens. "Nous apprécions beaucoup ces éléments, ça nous permet d’expérimenter, d’ouvrir nos perspectives. Nous sommes près du désert, la culture latino nous plaît et je marche cinq minutes pour me rendre à la plage: on peut difficilement se plaindre de cela." Malgré tout, une profonde mélancolie nimbe la musique de B.H.P. depuis leurs débuts en 1997. À l’époque, Jenkins et Nathaniel officiaient au sein de Three Mile Pilot, quatuor apparenté au post-punk. Le duo souhaitait alors explorer de nouveaux horizons et donna naissance au groupe que l’on connaît maintenant. Heureusement, la formation ne sombre jamais dans la noirceur ou le négativisme. "Nous traitons davantage d’espoir que de tristesse. Nous n’avons rien de joyeux, si je peux dire, mais nous n’exprimons pas pour autant la dépression ou quelque chose de ce genre."
Amore Del Tropico propose des rythmes latins, les mélodies y sont enjouées et des arrangements plus raffinés contribuent à l’évanescence du spleen habituel de B.H.P.
Si le tempo, les chœurs féminins et le propos soupiré de Cry for Love ou le timbre grave et la mélodie de Why I Stay évoquent Leonard Cohen, le doigté au piano de Nathaniel et le phrasé de Jenkins sur Tropics of Love ainsi que sur The Invitation rappellent surtout Nick Cave and the Bad Seeds. L’americana de Calexico et Dirty Three teinte tout autant la structure de plusieurs chansons. On a qualifié Amore Del Tropico d’album-concept; Jenkins admet que rien ne supposait au départ d’en arriver là. "Pour moi, une chanson représente un tableau où des images sont révélées par la musique et les mots. Nous avons dessiné les morceaux un à un sans réfléchir à un concept en particulier. Il s’est imposé lorsque nous avons voulu créer une ambiance, une énergie en les rassemblant." Pour leur premier concert à Montréal, on peut espérer une heureuse prestation des cinq musiciens. "On ne jouera pas Amore en entier. Les gens pourront entendre des pièces tirées de chacun de nos albums. Avec cette tournée, nous souhaitions rejoindre de nouvelles villes, ceux qui achètent nos disques et qui ne nous ont jamais rencontrés. Ça fait plaisir de venir enfin à Montréal!"
Le 22 mars
Au Cabaret Music-Hall
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