Ted Leo : Marquer l'histoire
Musique

Ted Leo : Marquer l’histoire

Ted Leo est de la trempe des Billy Bragg et Joe Strummer. Un chanteur à l’idéologie punk beaucoup plus obsédé par le message que par le look ou les cris. Si ses deux derniers compacts sur étiquette Lookout! ont prouvé sa force mélodique et créatrice, l’excellent film Dirty Old Town, réalisé par Justin Mitchell, nous plonge maintenant dans toute la simplicité et la personnalité de ce compositeur du New Jersey.

Tourné à Coney Island, une presqu’île reconnue pour son parc d’attractions située au sud de Brooklyn, on y suit Ted Leo et son groupe, The Pharmacists, l’instant d’une journée. Les musiciens s’y trouvaient pour prendre part au festival de musique Siren. On a, bien sûr, droit à une dizaine de pièces jouées sous un chaud soleil d’après-midi, mais par l’entremise de segments d’entrevues, on découvre qu’à 32 ans, Ted passe la majeure partie de sa vie en tournée. Faute d’argent, il ne couche à peu près jamais à l’hôtel, mais bien chez des promoteurs, amis ou fans qui l’invitent sous leur toit après les concerts. Il avoue d’ailleurs être capable de dormir sans problème pendant six heures sur un plancher. On apprend aussi qu’il est né un 11 septembre alors qu’il discute de la pièce High Party, écrite en lien avec les événements qui entourèrent sa fête en 2001.

"Je n’ai pas vraiment eu de difficulté à me confier à la caméra puisque le réalisateur était un de mes bons copains, affirme Ted. Me regarder aujourd’hui dans ce film est l’étape que j’aime le moins. Les entrevues sont bonnes, mais je ne suis pas fier de notre performance musicale. J’ai eu des problèmes avec ma voix plus tôt en 2003. Je n’étais pas tout à fait rétabli."

Paru sur Plexifilm, le DVD comporte aussi sa part de matériel inédit dont une pièce filmée lors de cette gigantesque panne de courant qui frappa New York en août 2003. "La panne a débuté vers 16 h 30 et nous devions encore jouer dans un festival extérieur à 18 h. Le courant nous est finalement provenu d’une génératrice se trouvant à bord d’un camion Starbucks présent pour vendre de la crème glacée. Le vendeur avait demandé de travailler à cet endroit pour vendre ses trucs et écouter le concert. Il nous a finalement offert l’électricité pour brancher nos instruments. L’expérience était fascinante. Il ne se passait rien d’électrique dans toute la ville et nous jouions du punk-rock dans la rue! Les gens se sortaient la tête des édifices pour voir ce qui se passait."

Au-delà des anecdotes, on peut sentir dans Dirty Old Town toute la détermination de Leo, même lorsqu’il avoue vivre une situation qui, à son âge, n’appartient pas toujours au pays des rêves. "Depuis l’explosion de Nirvana et Sonic Youth au début des années 90, la culture de masse a assimilé sa propre version de ce qu’était la musique punk alternative. Cette culture mainstream propose aujourd’hui sa propre version du punk, et pour des millions de jeunes, ça devient l’exemple de ce qu’est la musique alternative. Ils ne savent même pas qu’il y a une vraie scène underground qui bouge sous la couche commerciale. C’est ça qui me frustre le plus. C’est cette image corporative de la musique alternative qui passera à l’histoire. Le vrai mouvement tiendra davantage de l’histoire secrète. C’est plus gratifiant d’y appartenir, mais beaucoup plus dur d’y survivre."

Le 26 mars
À la Sala Rossa
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