Musique

David Bowie rencontre exclusive : L’état des stocks

En décembre dernier, DAVID BOWIE est monté sur la scène du Centre Bell – malgré une très mauvaise grippe qui l’avait forcé à annuler plusieurs concerts – pour offrir le premier spectacle de la portion nord-américaine du Reality Tour. Alors qu’il est de retour au Québec, entre générosité et éclats de rire, le Thin White Duke nous parle de sa présente tournée, de sa création, de l’état de l’industrie de la musique et de bien d’autres choses encore. Exclusif !

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Reality Tour reçoit d’excellentes critiques partout où il passe. Vous avez pourtant déjà dit que vous n’aimiez pas monter sur scène. Qu’est-ce qui a changé?
David Bowie: Eh bien, plus le temps passe, plus je suis à l’aise sur scène. Il y a quelques années, par contre, je détestais vraiment ça. J’étais tellement concentré sur l’écriture que l’idée de monter sur scène me semblait superflue et très pénible. Cela dit, actuellement, je prends un grand plaisir à donner des spectacles.

Êtes-vous surpris de l’intérêt que vous suscitez chez les jeunes et par le fait qu’ils connaissent vos premiers albums?
On a remarqué ce phénomène incroyable tout au long de la tournée. Ça me fait vraiment plaisir et c’est surtout une grande satisfaction de voir que les jeunes ont autant de plaisir que les plus vieux fans durant le concert.

Pouvez-vous expliquer ce phénomène?
C’est peut-être à cause de l’influence que j’ai eue sur de plus jeunes formations. C’est la seule explication qui me vient à l’esprit. Par exemple, certains jeunes se sont peut-être intéressés à ma musique après avoir lu en entrevue que leur groupe préféré avait été influencé par David Bowie. C’est un phénomène courant pour de nombreux artistes.

On pourrait donc présumer que votre musique vieillit bien?
(Rires) Ça ressemble un peu à ça, n’est-ce pas?

On a dit de Reality que c’est un album que vous auriez pu écrire il y a 10 ou 15 ans. Qu’en pensez-vous?
Je ne sais pas si j’aurais pu écrire Reality il y a 15 ans. En ce qui me concerne, je trouve que Reality ne ressemble aucunement à ce que j’ai fait dans le passé. Je crois que cet album possède son style très personnel. C’est très difficile pour moi de prendre un tel recul par rapport à ma musique.

Comment parvenez-vous encore aujourd’hui à vous réinventer musicalement?
C’est mon travail. C’est ce que je suis habitué à faire. J’ai choisi d’être auteur-compositeur car j’adore ça. Par conséquent, ce n’est pas un problème pour moi d’écrire des chansons. C’est ma vie. Je vais d’ailleurs y consacrer tout mon temps jusqu’au jour où je ne pourrai plus écrire. En fait, je crois que la plupart des auteurs écrivent jusqu’au jour de leur mort, non? (rires) Lles différentes villes que je visite au cours d’une année – contribuent aussi à enrichir mes chansons. En ce moment, je traverse une phase expérimentale. Mon prochain disque devrait donc être assez différent. Je suis impatient de terminer la tournée pour retourner en studio! Mais ça n’ira pas avant la fin de juillet puisqu’on doit d’abord participer à quelques festivals au cours de l’été.

Est-ce que la naissance de votre fille Alexandria, il y a trois ans, a eu un impact sur votre travail?
Je ne sais pas si sa naissance a eu un impact sur ma façon d’écrire, mais une chose est certaine, elle m’a incité à rester davantage à New York (rires). J’ai enregistré Heathen et Reality dans la région de New York et je vais enregistrer le prochain disque dans les environs également! Mais, oui, je crois que la naissance d’Alexandria a eu un impact sur mon travail, en ce sens où je choisis les sujets que j’aborde avec plus de soin, ce que je n’aurais pas fait il y a quelques années.

Votre fille et votre épouse (Iman) vous accompagnent-elles en tournée?
Elles ont assisté à quelques concerts, mais elles ne me suivent pas en tournée parce qu’on bouge trop. Ce n’est déjà pas évident pour un adulte, ça le serait encore moins pour une enfant de trois ans.

Vous avez accepté de poser avec Iman pour la campagne publicitaire de la nouvelle ligne de vêtements de Tommy Hilfiger, baptisée H. Pourquoi?
Ils ont proposé l’idée à ma femme, qui m’a par la suite convaincu d’accepter. Je suis très satisfait de l’avoir fait. Tu sais, chaque fois qu’on accepte de faire une session de photos pour un magazine, on nous fournit des vêtements de créateurs connus. Par exemple, le Rolling Stone de cette semaine est rempli de chanteurs rock portant des vêtements griffés. C’est comme une grosse publicité. Ça fait plusieurs années que je me prête à ce jeu et cette fois-ci, tant qu’à porter les vêtements d’un créateur que je n’ai pas choisi, je me suis dit: "Aussi bien être payé (rires) pour le faire!" Deux heures devant un appareil photo, ce n’est pas si pire que ça.

La rumeur dit que vous êtes l’un des artistes les plus riches au monde. Plus riche même que Paul McCartney. Est-ce vrai?
J’aimerais bien (rires)! Ce n’est absolument pas vrai.

Savez-vous d’où vient cette rumeur?
Je crois qu’elle est née il y a quelques années, lorsque j’ai vendu les droits de certains de mes albums. C’est ridicule.

Néanmoins, quelle est la chose la plus précieuse que l’argent vous ait procurée?
Rien n’aurait d’importance si je ne pouvais plus écrire d’albums. Aucun montant d’argent au monde ne pourrait compenser cette perte. Si on me plaçait dans une situation où je devais choisir entre l’argent et la musique, j’abandonnerais l’argent. Mon premier choix sera toujours de pouvoir chanter et jouer de la musique. Je préférerais d’ailleurs avoir l’habileté plutôt que la liberté d’écrire.

Que pensez-vous de l’industrie musicale?
Elle est très mal en point, tu ne trouves pas? On dirait qu’elle n’arrive pas à gérer le nombre incroyable d’albums qu’elle génère chaque semaine. C’est son problème principal: il y a trop de disques disponibles et la qualité s’en ressent. Ah et puis à quoi bon, je ne sais pas pourquoi l’industrie va mal et je m’en fous! Je préfère me concentrer sur ma musique…

David Bowie
Reality (2003)
Sony music

Le 2 avril avec The Polyphonic Spree
Au Centre Corel (Ottawa)