Blonde Redhead : Heureux mélange
Musique

Blonde Redhead : Heureux mélange

Quatre années se sont écoulées depuis l’inoubliable Melody of Certain Damage Lemons de Blonde Redhead. Voilà un laps de temps inhabituel pour le trio new-yorkais, dont les albums se succédaient aux deux ans tout au plus. Misery Is a Butterfly et cette tournée représentent la lueur au bout de cette période parsemée d’épisodes tragiques et malheureux.

Amedeo Pace n’est pas porté sur les confidences. Si le chanteur et guitariste au ton posé et à l’accent milanais se prête au jeu, c’est en reconnaissant d’emblée qu’il s’agit d’un mal nécessaire si l’on veut vivre de son art. "C’est vrai que je me réjouis rarement avant de faire une entrevue. Heureusement, une fois celle-ci commencée, je ne m’en fais plus, tout dépendant, bien sûr, ce que l’on me pose comme questions!" On ose alors à peine effleurer les événements rapportés par les médias, de crainte de s’immiscer maladroitement dans leur vie. Mais Pace aborde lui-même le grave accident équestre de Kazu Makino, également chanteuse et guitariste du groupe, dans leurs chansons. "Ça va beaucoup mieux depuis six mois environ, mais elle a encore des douleurs lorsqu’elle chante." Il y aura deux ans cet été, Kazu était piétinée en chutant d’un cheval, se fracturant la mâchoire en plus de se casser des dents. D’autre part, leur réalisateur fétiche, Guy Picciotto (membre du groupe Fugazi), perdait sa mère quelque temps avant le début de l’enregistrement de leur sixième album. "Sans compter que nous avons perdu notre local de pratique! Avec un certain recul, on peut dire que les choses auront bien tourné au bout du compte. Nous avons mûri les chansons longuement et n’avons pas précipité l’enregistrement du disque." Ajoutons à ce délai cette surprenante signature avec la réputée étiquette anglaise 4AD.

Pour éviter les contraintes budgétaires, Blonde Redhead a préféré assumer les coûts de production de l’album et jouir d’une liberté quasi totale, quitte à retarder un peu plus son éventuelle sortie. "Nous avions une idée assez précise de ce que nous voulions faire. Nous adorons les gens chez Touch & Go, ils sont formidables, mais nous croyions qu’ils accueilleraient moins bien cet album. 4AD a apprécié le disque et a démontré beaucoup d’enthousiasme à l’idée de le sortir." Ainsi donc, Misery of a Butterfly offre une palette sonore différente des disques précédents. On reconnaît, bien sûr, la touche personnelle du groupe, mais les soigneux arrangements diversifient leur son. Emportées par le tourbillon de l’alto et du violon, dont joue Eyvind Kang, et "overdubbées", les mélodies n’en sont que plus enivrantes et mélancoliques à la fois. "J’admets vouloir écrire des chansons tristes mais je n’y arrive pas! Les émotions ne reviennent pas nécessairement à force de jouer et rejouer une chanson, j’ai peur d’en perdre l’essence. Nous préférons alors tout mettre en ouvre pour écrire tout simplement de beaux morceaux. Les sentiments générés par notre musique appartiennent aux auditeurs."

Les jumeaux Amedeo et Simone ont quitté leur Italie natale avec leurs parents à l’âge de 13 ans mais parlent peu de leur passage chez nous. "Malgré le choc culturel au début, nous gardons de bons souvenirs de Montréal. Nous revenons pour voir nos parents mais je ne crois pas que nous puissions y vivre. La situation à l’époque n’était pas aussi favorable qu’aujourd’hui, il faut le reconnaître. Nous avions simplement besoin de partir." Ils n’auront été ni les premiers ni les derniers à tenter leur chance à New York, et sans ce changement de ville, Kazu n’aurait probablement jamais croisé leur chemin.

Le 8 avril
Au Club Soda