Miro : Miro… bolant!
Italien d’origine, Hollandais de naissance, JEAN-MARC MIRO, le papa du petit Dweezil, a grandi entre l’Allemagne et la Tunisie. Mais c’est à Paris, dans les années 90, qu’il se forge une réputation comme arrangeur de maquettes et guitariste de session.
Le rouquin à lunettes fait sa "baboune" d’enfant gâté. Il se voit comme "un petit, petit Zappa d’aujourd’hui" et s’amuse à faire l’imbécile avec la guitare. "Le côté provoc parodique, cette envie de se moquer du bizness, ça manque beaucoup dans la chanson aujourd’hui", dit-il. Mais encore…
Jean-Marc Miro mène une double vie, et tout l’argent gagné dans sa "job de nuit" disparaît dans ce projet fou de studio maison qui finit par bouffer tout son petit espace.
"Ça s’entassait dans ma chambre et je dormais les pieds sous la console, m’explique-t-il au téléphone. Je chantais dans le métro mais j’avais besoin de produire ma musique, de la réaliser moi-même. J’ai enregistré des idées par instinct qui sont devenues des chansons. J’avais besoin d’écrire. Mais à force de me taper des modes d’emploi de matériel de musique, j’ai vraiment eu l’impression de faire médecine, quoi !"
Miro manque d’espace mais pas d’idées, Dieu merci. Les hallucinations auditives fourmillent dans son œuvre bricolée de toutes pièces. Une galerie de personnages teigneux, un peu loufoques, pestent contre leur quotidien autour de Billy, The Funky Man, son premier hit radio. Le sympathique album La Voix du vaurien sort chez Sony France. Mais malgré un petit succès de vente, 200 concerts en homme-orchestre et le prix Félix-Leclerc, le chanteur à tout faire se retrouve à produire seul la suite de ses aventures urbaines. Avec plus de moyens aussi. La formule a mûri, comme on dit. Et ça s’entend!
"Là, j’ai un beau studio de star, avec une cabine et tout, en plein Paris, près du parc Montsouris. J’habite au-dessus, au premier étage. Et je fais tout chez moi. C’est génial, non?" Super, en effet. Mais Miro continue de sortir tous les soirs. Et même s’il ne chante plus les week-ends sur la péniche La Guinguette pirate où il fut repéré jadis, il a maintenant des amis, les quatre gars du groupe Tryo, qu’il rejoint sur scène au Cabaret sauvage. En résidence pour une vingtaine de dates, les lascars l’invitent le temps d’une chanson, Rêve de rose, qui figure sur son nouveau compact, En plein vol.
Évidemment, la pièce-titre pourrait laisser croire que l’auteur souffre du mal de l’air. Mais avec une maman "stewardesse", ce rêveur impénitent a surtout observé des situations désopilantes à 10 000 mètres d’altitude. Les chansons de Miro affectionnent toutes le burlesque et le grotesque comme des séquences absurdes d’un film de Tati. "J’aime ce côté ambigu d’une situation où quelqu’un finit par ne plus être dans son état normal habituel. J’aime l’idée de la perte de contrôle." Pas étonnant qu’il ait le coup de foudre pour Jean Leloup dont il reprend ici Edgar de fort belle façon.
Dyslexique du langage (dit-il vraiment liaison ou lésion? rouge ou rose? ou chaque fois un mélange des deux?), Miro pète les plombs, trafique la syntaxe, et se paie de scabreux petits délires dans Normalement, où il signe cette phrase délicieuse: "Je dois penser à ce que je dis et pas l’inverse." Il me confie son secret: "Le meilleur moyen d’aller à l’essentiel de sa pensée, c’est de se laisser penser vite sans prendre le temps de réfléchir." Pas fou, ça.
Miro
En plein vol
(D7 / Dep)