Pauline Vaillancourt : Porte-voix
Musique

Pauline Vaillancourt : Porte-voix

La compagnie lyrique de création Chants libres présente une série de works in progress qui donne une idée des possibles en matière d’opéra à l’aube du 21e siècle. Coup d’œil sur l’avenir avec la directrice artistique PAULINE VAILLANCOURT.

Chants libres a été fondé en 1990 afin d’explorer de nouvelles avenues pour le développement du plus vieil instrument de musique du monde: la voix. Celle de la soprano Pauline Vaillancourt a déjà découvert de nombreux territoires vierges sur des musiques de Giacinto Scelsi (Chants du Capricorne, 1995), Jean Piché (Yo soy la desintegración, 1997) ou Alain Thibault (Lulu, le chant souterrain, 2000), entre autres. La chanteuse revient d’une série de concerts en Europe où elle a triomphé dans le rôle principal de l’opéra The Wings of Dædalus, de Maurizio Squillante, pour lequel elle était transformée en véritable "cyborg" grâce au spécialiste en robotique Stelarc. La dernière création de la compagnie, l’opéra jeune public Pacamambo (2002, musique de Zack Settel sur un livret de Wajdi Mouawad), connaît également un franc succès en Europe et aurait même constitué le moment fort de la dernière édition du Festival YO! d’Utrecht.

Les choses semblent donc aller rondement pour Chants libres. Rencontrée au café de l’Usine C, Pauline Vaillancourt tempère: "Nous sommes une compagnie de création, alors notre mandat consiste à prendre des risques, même celui de nous tromper éventuellement. Nous avons maintenant un grand nombre de productions qui n’attendent que d’être reprises, mais ça, c’est le mandat d’autres compagnies, que nous devons encore et toujours convaincre du sérieux et de la pertinence de nos recherches." Et celles-ci se poursuivent avec Opér’Actuel, un événement durant lequel la directrice artistique invite l’Atelier de musique contemporaine et l’Atelier de musique de chambre de l’Université de Montréal à venir présenter des œuvres en devenir. "Le but est d’abord de présenter le travail en cours de jeunes (et moins jeunes) compositeurs, poursuit Pauline Vaillancourt. C’est certain que Chants libres ne peut pas tout créer, mais ça nous permet, comme aux créateurs et au public, d’entendre ce qui se fait, les différentes esthétiques actuelles."

Le programme est assez alléchant: l’Atelier de musique contemporaine, sous la direction de Lorraine Vaillancourt, présente des extraits d’une première incursion à l’opéra pour la compositrice Linda Bouchard et un projet interactif pour deux musiciens et un chanteur du compositeur et photographe José Luis Castillo Borja. L’Atelier de musique de chambre, sous la direction de Jean-Eudes Vaillancourt, présente des extraits d’une œuvre pour voix, contrebasson et danseur de Stan Hoffman et d’autres extraits d’une œuvre de Gabriel Turgeon-Dharmoo qui se rapprochent du théâtre musical. La compagnie Chants libres présente quant à elle le travail de l’artiste new-yorkaise Kristin Norderval, compositrice et chanteuse, en performance solo, et des extraits de l’opéra-installation de Louis Dufort qui sera créé la saison prochaine (la création du méga-projet Alternate Visions, une collaboration avec Ars Electronica, est repoussée à la saison 2005-2006).

La compagnie Chants libres, malgré ses difficultés sur le plan de la distribution ou de la reprise des œuvres à son répertoire, et malgré le pessimisme ambiant sur la scène culturelle, continue donc à nous faire voir loin devant. Pauline Vaillancourt annonce également une collaboration avec l’Opéra de Montréal pour la création d’un opéra de Gilles Tremblay et Pierre Morency en 2006! Mais d’ici là, on ira tâter le pouls du futur à la soirée Opér’Actuel…

Le 4 avril
À l’Usine C
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